Le politique donne donc au scientifique les moyens de sa
passion: la construction de la médersa (1417-1420), qui sert
à la fois de lieu d'enseignement religieux, mais aussi
mathématique et astronomique, de "séminaire scientifique"
(bref, l'équivalent d'une université) et...
d'observatoire, jusqu'à ce que celui-ci soit construit
séparément (1420-1428). Tamerlan avait
déporté les meilleurs artisans de Damas pour la splendeur
de sa capitale; Ulugh Beg emploie des moyens moins brutaux, mais fait
venir auprès de lui les meilleurs spécialistes, une
équipe dont émerge deux personnalités de tout
premier plan:
Autre aspect de sa politique de travaux, il fait
édifier à Samarcande ce qui sera le mausolée des
timourides, le
Gour-Emir, où l'on
peut voir sa pierre tombale,et compléter la nécropole
de Shar-i-Zindah où reposent des membres de la famille
régnante, des amis, des proches: c'est là que se trouve
-en principe- la
sépulture de Quadi
-Zadé-Rumi.
[ Ici, un
plan
de Samarcande à l'époque timouride; là, un
plan actuel
]
Le concept d'une médersa symboliquement "ouverte"
-on peut voir à l'intérieur depuis la place du Reghistan-
tout en respectant l'architectue "fermée" d'un tel lieu, est une
signature d'Ulugh Beg: rien de pareil n'existe ailleurs. Au moins dans
le symbole, il s'agit d'abolir toute barrière entre
l'élite scientifique et le peuple. Cette même idée
d'élévation des esprits est présente sur la
façade d'une
autre médersa,
celle qu'il a fait
édifier à Boukhara en 1419: Ulugh Beg a choisi
d'y
faire graver ce verset du Coran:
"Eclairer
son esprit par l'étude est le devoir de chaque Musulman et
chaque Musulmane"
C'est sur une stèle de l'observatoire que figurait cette
pensée dont il est l'auteur:
"Les
religions se dissipent comme le brouillard, les empires se
démantèlent, mais les travaux des savants demeurent pour
l'éternité"
Quelques portraits récents figurent au musée de
l'observatoire, allégories teintées parfois de
naïveté... ou de zoroastrisme!