La ligne en rouge est celle d'Ulugh Beg
(on transcrit parfois Ulug Bek!); les précédentes sont
les valeurs de ???,???,
Aristarque,
Tabbit-ibn-Qurra.
La dernière donne la valeur actuelle.
2. La période des cinq
autres planètes
La mesure est celle, exprimée en
degrés d'arcs, minutes et secondes, de la portion de trajectoire
parcourue pendant une anée "terrestre": Par exemple, la
première ligne indique que Saturne parcourt environ 12° en 1
an; il lui faut donc bien 30 ans (environ!) pour boucler un tour sur
son orbite.
Dans l'ordre des lignes, on lit les
valeurs trouvées par
Eratosthène,
Hipparque,
Ptolémée,
Al
Battani,
Al Sufi,
Abu
al Wafa,
Al
Quhi,
Ibn
Yunus,
Al
Tusi, et enfin Ulugh Beg lui même, ainsi que l'année
d'obtention de ces valeurs (les deux premières, avant JC).
Le Catalogue des Etoiles
Sont présentées dans les vitrines quelques pages de son
très célèbre
Zij-i Sultani (
Catalogue des Etoiles), paru en 1437 et
recensant les positions de 992 étoiles, en langue arabe et en
traduction anglaise, ainsi que des catalogues "comparatifs" où
ses résultats sont confrontés à ceux d'autres
astronomes célèbres; ce travail a été
effectué par le premier astronome royal britannique,
John
Flamsteed (1646-1719), et publié peu après sa mort,
en 1725 . (cliquer pour agrandir)
Un exemplaire en langue anglaise de ses tables (Oxford 1665) est
conservé à la BNF; il faisait partie de l'
exposition
Ciel
& Terre; une illustration en est donnée
dans le
catalogue
de l'exposition, mais n'est pas disponible sur le site
Internet.
Cette reconnaissance internationale (fût-elle tardive) est bien
mise en évidence par les allégories plaçant Ulugh
Beg aux côtés des grands astronomes de l'Histoire:
Hipparque, Ptolémée, Tycho Brahé...
Après une
introduction dans
laquelle il déclare s'appuyer sur les travaux antérieurs
d'Al Sufi
(903-986), il en revérifie, et au besoin corrige, les valeurs
recueillies. Il possède cet ouvrage parmi l'abondante collection
qu'il a réunie à la bibliothèque de l'Observatoire:
Al-Sufi,
Traité des étoiles fixes
traduction latine anonyme, Bologne, XIIIe
siècle Manuscrit sur parchemin (expo
BNF Ciel
& Terre)
C'est un point de
départ très solide: pour ne citer qu'un exemple, Al-Sufi
fut le premier à nommer "petit nuage" la Nébuleuse
d'Andromède, qu'il observa et décrivit
en 964 dans ce livre. Charles Messier ignorait cette
antériorité et attribua la découverte à
Simon Marius (1612). [voir les deux héros dans cette
biographie]. Il est même probable que les astronomes persans
la connaissaient depuis 905!
Le
catalogue d'Ulugh-Beg s'organise
en 4 parties:
- Description des differents
systèmes de calcul des temps
- Practical Methodes pratiques
d'observation et leur usage
- Mouvement apparent du Soleil, de la
Lune et des Planètes
- Astrologie
La précision des tables astronomiques repose aussi sur une
précision accrue des tables trigonométriques (qui
figurent dans le catalogue), ce qui va conduire
Al-Kashi
à une
innovation importante sur
le plan de la méthode (section suivante).
La quatrième partie peut laisser davantage perplexe, eu
égard à l'opposition théorique de l'Islam à
ce sujet. Voici ce qu'en dit Ahmed Djebbar dans
Une
Histoire de la Science Arabe [DJE]:
On ne s’étonnera pas de deux
choses: en premier lieu, et malgré l’interdit prononcé
par la religion contre la divination et la prédiction,
l’astrologie astronomique n’a cessé d’être
pratiquée tout au long du Moyen Age, comme en témoignent
les centaines d’ouvrages publiés sur les différents
thèmes de cette pratique. En second lieu, le souci de
perfectionner cet outil de prédiction, en y introduisant les
connaissances astronomiques les plus avancées de
l’époque, va avoir un effet bénéfique sur le
développement de l’astronomie.
Effectivement, cette discipline va profiter de l’engouement des hommes
de pouvoir pour l’astrologie afin de bénéficier de leur
aide financière, nécessaire à la
réalisation de son «programme » scientifique (comme
la construction de grands instruments astronomiques ou
d’observatoires), ou bien pour solliciter leur protection contre des
courants conservateurs hostiles à l’astronomie et à la
philosophie.