Dini à Pise


Ulisse Dini. (1845-1918) est né et mort à Pise. Il y a fait toute sa carrière, qu'il termina  à la Scuala Normale Superiore, où il avait été lui-même formé, avant de venir se perfectionner à Paris avec Hermite et Bertrand.
Et comme il fut aussi homme politique et sénateur, sa ville n'a pas hésité à lui ériger une statue; comme on le sait, une carrière politique est, pour cela, plus sûre qu'une simple carrière scientifique...



Cette petite place est tout proche de celle, plus vaste des Chevaliers (Piazza dei Cavalieri), dont le magnifique palais éponyme abrite la Scuala. Normale Superiore, et l'église qu'on voit derrière le monument.


Une création Napoléonienne de 1810, calquée sur l'ENS de Paris!


Un mathématicien insigne: c'est la première chose que signale le texte (agrandissez en cliquant)

Pour s'y rendre, en fait, c'est tout simple: prenez la rue Ulisse Dini! Le plan-perspective  ci-dessous précise la localisation de la rue, de l'ENS... (merci à Google Maps!) et de la statue, grâce à un petit fléchage supplémentaire de votre serviteur.


Dans le domaine des mathématiques, Dini est surtout connu pour son célèbre théorème, qui étant donnée une suite de fonctions simplement convergente sur un segment, affirme sa convergence uniforme dès que cette suite est de plus croissante; la magie de ce résultat tient à cette croissance et à la compacité du segment, dont le rôle est essentiel dans la preuve. Il existe aussi un "faux théorème de Dini", maintenant plutôt dénommé Deuxième théorème de Dini, où l'on considère une suite de fonctions croissantes...
Mais un autre théorème célèbre mériterait de porter son nom, c'est le théorème des fonctions implicites (on le nomme d'ailleurs ainsi dans son pays natal...mais aussi sur Wikipedia en Anglais!). On en crédite souvent Cauchy, qui l'a rencontré lors de l'étude des équations différentielles; et si ce théorème a une longue histoire, qui remonte inévitablement à Descartes et son étude des courbes algébriques f (x,y) = 0, c'est Dini qui en a donné la première démonstration complète et "propre".

Dini repose dans le célèbre cimetière du Camposanto, à côté de la cathédrale; l'endroit est on ne peut plus mathématiquement recommandable, puisqu' on peut aussi y admirer la statue de Fibonacci... dont ce site ne manquera pas de vous reparler un de ces jours! D'ailleurs, si vous regardez bien, vous l'apercevrez tout au fond de la galerie (surélevé sur un socle)




Le Camposanto et ses imposantes galeries (le personnage donne l'échelle)
Chaque rectangle de marbre noir délimite une pierre tombale.


Ici repose Ulisse Dini...

Sur la dalle est représenté l'ouvrage le plus emblématique écrit par Dini, édité à Pise en 1878, et dont le titre complet est Fondamenta per la Theorica delle Funczioni di Variabili Reali (texte intégral ici): consacré à la théorie des fonctions, c'est une des pierres de fondation de l'œuvre ultérieure de Borel et Lebesgue sur la mesure des ensembles et la théorie de l'intégration. D'ailleurs, son célèbre théorème évoqué plus haut est  une version pour les intégrales de Riemann du théorème de convergence monotone (Beppo Levi), qui joue un rôle central dans la théorie de l'intégration de Lebesgue. 


Merci à Janine et Elisabeth, plus perspicaces que  le Mathouriste dans l'exploration du Camposanto!

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