La représentation ci-dessous
exagère
un peu la hauteur par rapport au diamètre, mais respectele
nombre d'étages... si l'on observe bien sur la coupe qu'il y a
deux fenêtres superposées dans chaque niveau.
On trouvera
ici
une
photo des fondations mettant bien en évidence le plan circulaire.
Le Quadrant
Le tableau (XXème siècle!) suivant, qui
illustre la phase
de construction, met en vedette son imposant quadrant fixe (rayon:
40m). Orienté très précisément selon le
méridien du lieu, il était gradué en degrés
et minutes, et permettait une mesure précise de la hauteur du
soleil sur l'horizon, ou plus généralement d'une
étoile ou d'une planète au moment ou sa trajectoire
coupait le plan du méridien.
C'est grâce à cet instrument que put être
réalisée la mesure, remarquablement précise, de l'
obliquité de l'axe terrestre
sur le plan de l'écliptique (plan de l'orbite terrrestre autour
du soleil), comme on le verra dans la
partie
suivante.
Ce quadrant était partiellement enterré, comme le montre
la coupe présentée plus haut, ou le timbre émis en
1994 pour le 600-ème anniversaire de la naissance d'Ulugh Beg
que l'on trouvera sur le très complet site
Images of
Mathematicians on Postage
Stamps (Jeff Millner).
Le Principe du quadrant est ancien, puisque décrit
dans l'
Almageste par
Claude
Ptolémée (~85 - ~165), avec des croquis
explicatifs repris dans la référence ??? de la
bibliographie. Ptolémée ne semble pas en avoir
supervisé, de près ou de loin, la réalisation
pratique. De toutes façons, les instruments d'observation des
astronomes
des époques hellénisitique et romaine étaient
portatifs, et en tout état de cause de petite taille.(
un quadrant,
son
utilisation sur le site du département d'Histoire des
Sciences de l'Université de Cambridge))
L'invention du
quadrant mural fixe est à porter au crédit d'
Al
Battani (~850 - 929), auteur d'autres appareils -dont un tube
d'observation, véritable lunette à laquelle ne manquaient
que... les lentilles (ce qui permettait tout de même de
concentrer le regard sur l'objet observé, et qu'il avait
conçu pour scruter l'apparition sur l'horizon du premier
croissant de lune). Un quadrant de 6m de rayon environ avait
été construit à Bagdad et utilisé par
Abu-al-Wafa
(940-998)., vers 990. Il devait rester un instrument
privilégié des astronomes jusqu'à l'invention des
lunettes et téléscopes au XVII-ème
siècle; l'image célèbre du
quadrant
de Tycho Brahé est la preuve de son utlisation
jusqu'au point culminant de l'observation à l'oeil nu qu'est
l'oeuvre de l'astronome danois.
Observatoires: Ancêtres et
Successeurs.
Deux observatoires en
Orient
méritent l'attention, car ils préfigurent celui de
Samarcande.
D'abord, celui de Rayy (près de Téhéran),
construit sur le même principe d'un cadran semi-enterré,
comme le montre le croquis ci dessous, tiré de la
référence bibliographique [RA1]. Une telle disposition
favorisait, à l'évidence, une taille maximale de l'arc de
cercle tout en évitant la construction d'un bâtiment trop
élevé.
Une petite ouverture dans le toit
laissait passer un rayon solaire; lors du passage du soleil au
méridien, un disque de 18cm de rayon se formait sur l'arc de
lecture, son centre indiquant l'inclinaison solaire sur l'horizon. Un
degré d'arc correspondait à environ 35cm, il avait donc
été possible de le graduer en 360 parties, chacune
représentant 10" d'arc.
Grâce à ce quadrant,
Al-Khujandi
(~940-1000) avait évalué, en 994, l'obliquité de
l'écliptique à 23°32'19".
Le second est l'
observatoire
de Maragha qui servit de modèle à celui de Samarcande.
Edifié entre 1259 et 1263, dans le Nord-Ouest de l'Iran, il
était justement renommé par le très haut niveau de
ses astronomes: son directeur
Nasir
al-din al-Tusi (1201-1274), qui avait su convaincre le prince
Mongol Hulaghu Khan de financer le projet, et al-Urdi (mort en
1266) pour la conception des
instruments.
Al-Tusi avait conçu un programme d'observations de 30 ans, de
façon à observer une révolution complète de
Saturne, la plus éloignée des cinq planètes du
sstème solaire alors connues; il fut ramené à 12
ans, période d'une révolution de Jupiter. En
activité connue jusqu'en 1316, il était en ruines en
1350... Toutefois, Ulugh Beg l'aurait visité dans sa jeunesse..
On trouvera sur le site
http://nineplanets.org/
une
liste des
instruments et de leurs inventeurs; ce seront les mêmes
d'Al-Tusi (Maragha) à
Tycho
Brahé (
Uraniborg)
, en passant par Ulugh Beg et son observatoire de Samarcande. Il est
tout à fait remarquable, à titre d'exemple, que le
quadrant
azimuthal de Tycho, le premier à être construit
à Uraniborg en 1576, soit une invention d'Al-Tusi! Plus
concrètes encore dans la ressemblance entre l'outil et la
réalité (supposée), les
sphères
armillaires inventées par
Hipparque
(190 av JC, 120av JC) y occupaient également une place non
négligeable.
Maragha et Samarcande seront les modèles des
derniers grands observatoires sans téléscopes:
Istanbul
en Turquie(XVI-ème siècle) et Jaïpur en Inde (
Jantar
Mantar,
XVIII-ème siècle;
autre
lien 1,
autre
lien 2).
Les observatoires chinois ont eux aussi subi l'influence
de l'observatoire de Maragha: dès 1267, des plans d'instruments
sont envoyés en Chine, par la Route de la Soie. Entre 1272 et
1279, l'astronome Gua Shoujing réorganise l'observatoire de
Pékin pour en faire un équivalent de Maragha; celui de
Nankin lui est aussi très similaire. Mais ceux que l'on peut y
voir aujourd'hui (
Pékin,
Nankin,
et des
clichés
de détail) sont dûs à l'apport des
jésuites dans ce pays aux XVI-ème et XVII-ème
siècles; il s'agissait de
copies
des
instruments de Tycho Brahé.
[ Télécharger une
Histoire
des Observatoires
]