Jean-Dominique Cassini




Statue à l'Observatoire de Paris

Italie: Jeunes Années et Premières Gloires...

Il est né en 1625 à  Perinaldo, dans le Comté de Nice, aussi se prénommait-il Giovanni Domenico. Le 8 Juin, très précisément... et non le 8 Janvier comme cela fut gravé sur le socle de la statue parisienne! (Faute de traduction? Mystère...)

Sa ville natale, aujourd'hui en Italie, près de la frontière Française, lui a consacré un Musée (fondé en 1997), puis adjoint un  Observatoire à vocation pédagogique en 1989: à voir, sans aucun doute! Et Nice, qui se souvient de la situation de Perinaldo dans son comté, a apposé une petite plaque-souvenir à l'angle de sa rue Cassini. (L'image suivante n'a pas été réalisée par le Mathouriste... honte à lui, qui a pourtant passé plus d'une vingtaine d'étés à proximité... mais accaparé par les festivals de jazz!)

Image issue de l'article Quartier du Port (Nice) de Wikipedia

Après deux années de formation à l'observatoire de Panzano, il se voit attribuer, en 1650 à Bologne, la chaire de Mathématiques de Cavalieri, décédé en 1647. Le Sénat de la ville, occupé à la rénovation de l'église San Petronio, lui propose de rénover l'ancienne méridienne que Danti y avait installée. Mais Cassini, la jugeant trop imprécise (elle déviait de plus de 9° de la direction Nord-Sud), conçut un nouvel instrument, malgré l'orientation défavorable de la nef, qui avait fait juger la chose impossible par de nombreux hommes de science. Le jour du Solstice d'été 1655,  il prouva publiquement que sa méridienne se jouerait de la mauvaise orientation de la basilique. Ainsi pourrait être résolue la question de la bissection de l'équant, qui agitait alors le monde de l'Astronomie, et à travers elle tranché la question du choix du meilleur modèle pour le mouvement des planètes: il s'agissait de rien moins que de choisir entre Ptolémée et Kepler.


Plan de San-Petronio, implantation de la méridienne. D'après Cassini, Meridiana (1695)

Tous les détails, toutes les images  dans notre page spéciale sur la Grande Méridienne !
 


Sa réputation, déjà bien établie, grimpe en flèche. Rome et Florence lui font des propositions... mais c'est Paris, par le prestige de la place et... la promesse d'un salaire franchement supérieur, qui remportera l'âpre lutte du "tranfert": comme quoi l'on peut trouver des antécédents scientifiques aux pratiques modernes du football!

En France, à Paris

L'Astronome Royal



Quelques autres vues de la statue, œuvre de Jean-Guillaume Moitte (1746-1810)


C'est Colbert qui se charge de le faire venir, en 1669:

Tel que raconté par Fontenelle, Éloge de M. Cassini

Aussitôt membre de l'Académie des Sciences fraîchement créée (1666), il est nommé (1671) Directeur de l'Observatoire de Paris.  La construction était en chantier à son arrivée... si bien qu'il ne pourra  y faire installer une méridienne encore plus précise que celle de Bologne: l'architecte Claude Perrault se montre inflexible, et le roi tranche en faveur de ce dernier (La méridienne qu'on peut y voir aujourd'hui est celle que fit poser son fils Jacques en 1729).


Tableau représentant Cassini, devant l'Observatoire encore en construction  (Observatoire de Paris)

Les découvertes se succèdent; ses plus éclatants succès concernent Saturne, dont seul le premier satellite, Titan, avait été découvert par Huyghens (1655). Cassini  en trouvera quatre autres (en 2007, on en dénombrait près de 60, hors des "poussières" constituant ls anneaux), et révèlera des divisions dans l'anneau ; aussi la plus importante est-elle nommée en son honneur, division de Cassini.


Découverte de Japet, satellite de Saturne (1671)


Découvertes de Rhéa (1672), puis de Téthys et Dioné, satellites de Saturne (1684)

C'est donc fort logiquement qu'en l'honneur de ces deux pionniers, la mission d'exploration automatique de Saturne lancée en 1997 a été dénommée mission Cassini-Huyghens.

Statue de l'Astronome, avec, au second plan, un quadrant mural

Le Mathématicien... et la Pire Idée de l'Astronome

Il est plus que temps, vue la vocation de nos pages, de nous intéresser à l'aspect mathématique de l' œuvre de Cassini. Voulut-il surpasser Kepler? Toujours est-il qu'il proposa de substituer à l'ellipse que celui-ci affectait au mouvement de la Terre autour du Soleil -ou au mouvement relatif du Soleil autour de la Terre, pour ce point le choix héliocentrique ou géocentrique est sans importance, une autre forme d'ovale.

Géométriquement, l'ellipse est le lieu des points où la somme des distances à deux foyers F et F' est constante: MF + MF' = 2a.
Cassini préfèra (1680) ...le lieu des points où le produit des distances à deux foyers F et F' est constant: MF . MF' = 2a.

Cela  peut paraître aujourd'hui gratuit ou saugrenu, mais il serait malséant d'oublier deux choses:
  1. que Kepler lui-même avait eu beaucoup de mal à abandonner les cercles et épicycles de Ptolémée pour découvrir en l'ellipse une trajectoire mieux adaptée;
  2. que la preuve du mouvement elliptique à partir de la loi d'attraction universelle ne serait publiée par Newton qu'en 1687... et traduite en Français en 1756 seulement par la Marquise Émilie du Châtelet
Ainsi, formuler d'autres tentatives sur les courbes du mouvement n'était en rien déraisonnable. Ceci dit, que Cassini ait pêché par orgueil ne fait guère de doutes. Ces fameux ovales de Cassini, tels qu'on les dénomme aujourd'hui, sont des courbes de degré 4 dont on trouvera ici l'étude complète, assoritie d'une citation où d'Alembert  avance une hypothèse sur le choix de Cassini. Pour ce qui le concerne, le Mathouriste est fier vous en présenter l'image sur la sculpture de Moitte: c'est une telle courbe qui est sur  la tablette que l'Astronome tient en main!


Cassini et "son" Ovale

La Mort et l'Héritage Dynastique


Fontenelle, Éloge de M. Cassini

Cassini est enterré à l'église Saint-Jacques du Haut Pas, à Paris. Pas de monument grandiose, mmais  une simple plaque, au pied de l'autel; y  figure aussi un autre mathématicien, Philippe de la Hire (1640-1718)




Sa succession à l'Obsevatoire est assurée... jusqu'à la Révolution, par ses descendants! Son fils Jacques, dit Cassini II  (1677-1756), puis son petit-fils César-François, dit Cassini III  (1714-1784), et enfin Jean-Dominique, ou Cassini IV  (1748-1845).


Il n'y a pas qu'à l'Observatoire que Paris a conservé le souvenir de Cassini: il a une rue à son nom, mais aussi une statue sur la façade du Louvre.




au  Louvre
 à Florence, un médaillon à son effigie
dans la
tribune de Galilée


Liens Cassini

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Astronomiques

Touristiques

Bibliographie Complémentaire

  • Anna CASSINI, Gio. Domenico Cassini. Uno scienziato del Seicento (Comune di Perinaldo, 1994)
  • J. HEILBRON, Astronomie et Églises (Belin)
  • F. GOMES-TEIXEIRA, Traité des Courbes Spéciales Remarquables, tome I (J. Gabay)

Et pour terminer comme il se doit à Paris...



Rue Cassini (XIVème Arrondissement)


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