Copernic,

De Toruń à Frombork


L'image qui sert de filigrane à cette page est FAUSSE.
Pourtant, elle a révolutionné le monde... par sa JUSTESSE!


En quoi est elle inexacte?
S'il n'est pas question de reprocher à son auteur l'absence des planètes qui ne seront découvertes qu'après son temps, il est clair qu'elle ne respecte aucune échelle -et son auteur le sait- et que les trajectoires des planètes ne sont pas circulaires, qu'elles ne sont pas centrées sur le soleil...et son auteur sait aussi tout cela, comme on le verra de plus près dans une page dévolue à son ouvrage. Bien sûr, il ne se doute pas qu'elles sont elliptiques, comme le découvrira Kepler, voire même pires (ce que révèlera une longue histoire de Newton à Ponicaré).

Voici une bonne occasion de rappeler que les géomètres -et plus généralement les mathématiciens- pratiquent l'art de raisonner juste sur des figures fausses. Ceci n'est qu'un schéma de principe, dont le but est de dire l'essentiel. Dire, au début d'un long traité qui est l'œuvre d'une vie (Livre Premier, Chap X) quel est l'ordre des orbes célestes, selon le titre même qu'il donne à ce chapitre. La révolution copernicienne, c'est le changement de point de vue induit par le changement de centre du monde, hier la terre, désormais le soleil.

C'est sur les pas de son auteur, Nicolas Copenic, que
le mathouriste vous entraîne dans ce qui suit.

Toruń, la jeunesse 

Toruń, vue de la rive opposée, sur la Vistule Ruine du château des Chevaliers Teutoniques

De remparts en fortifications, Toruń porte encore la marque d'une longue période sous le joug de fer des Chevaliers Teutoniques, qui l'ont fondée en 1233. Écrasés par une coalition Lituano-Polonaise en 1410, ils perdent de leur puissance, et, s'ils conservent la cité au premier traité de Toruń (1411), une insurrection populaire en 1454, pendant laquelle leur château fut incendié, marque le début d'une nouvelle et longue guerre à lissue de laquelle ils doivent céder la ville  la Pologne, en 1466 (deuxième paix de Toruń). Même s'ils restent une menace, ils refluent plus au Nord-Est, et quand y nait Nicolas Copernic, le 19 Février 1473, la ville de garnison s'est muée en une cité marchande de la Hanse. De cette époque, elle conserve encore aujourd'hui nombre de maisons des XIVème et XVème siècles qui contribuent à son cachet.

Privilège royal accordé en 1457 à Toruń, pour le stockage des marchandises.
(Musée Copernic, 
Toruń)

Et justement, le père de Nicolas est un marchand aisé; pour sa résidence et ses affaires, il occupe deux maisons de la rue Saint-Anne, aujourd'hui rebaptisée rue Copernic.


Toruń, rue Kopernika: les deux maisons familiales et la plaque de rue

La plus grande est aujourd'hui le siège d'un musée dédié à la mémoire de l'astronome; et même si la collection n'est pas immense et partiellement constituée de copies, elle mérite qu'on prenne le temps de la visiter.



Entrée du Musée Copernic,Toruń

Extérieurement massive, intérieurement imposante, la cathédrale Saint-Jean de la ville a conservé les fonts baptismaux sur lesquels fut baptisé Nicolas; il a un frère aîné et deux sœurs.



Les deux images ont été prises en 2009 et 2010; des travaux de restauration en cours expliquent le déplacement.

" Copernic alla d‘abord comme tous les enfants de la ville a l'école de Saint-Jean; «mais il parait, dit son biographe polonais, Czynski, qu’au lieu de s’amuser le soir avec ses camarades il était déjà singulièrement studieux et réfléchi, et à son retour a la maison travaillait a apprendre les langues latine et grecque."


Camille Flammarion, Vie de Copernic

On ne sait en fait pas grand chose d'autre de son enfance jusqu'à l'âge de dix ans, où il se retrouve orphelin, après les deux décès rapprochés de son père et de sa mère. Heureusement, il y a, pour veiller sur lui, son oncle maternel, Lukas Watzenrode, bientôt évêque de l'Ermland (ou Warmie), une province au Nord-est de Toruń, à la frontière de ce qui reste des états teutoniques. 


son père, également prénommé Nicolas.  son oncle, Lukas Watzenrode
(Musée Copernic, Toruń)

Tout naturellement, il le destine au chapitre de sa cathédrale de Frombork. Ce qui ne saurait se concevoir sans de bonnes études de droit canon!

Une Parenthèse Estudiantine

Nicolas part donc, à 18 ans, pour l'Université Jagellon de Cracovie. Il y étudie les mathématiques, la philosophie, peut-être un peu d'astronomie... peut-être s'y donne-t-il un peu de bon temps, car, quatre ans plus tard, on ne lui en connait toujours pas de diplômes!


Inscription à l'Université de Cracovie. portrait de jeunesse, en médaillon.
(XVIIème siècle)
(Musée Copernic, Toruń)

Et le voilà qui part pour l'Italie, où, en 1496, il s'inscrit à la "Nation Allemande" (voir l'explication du terme) de l'Université de Bologne, comme l'atteste le docurment qui suit (deuxième colonne, à peu près au milieu), dans une orthographe un peu curieuse, mais précisant bien "de Thorn", nom allemand de Toruń.


la croix rouge, devant son nom, a été rajoutée par le musée sur cette copie!
(Musée Copernic, Toruń)
Incorporation d'étudiants dans la section allemande de l'université de Bologne, au XVème siècle.
(source: Wikipedia Commons)

Il y étudie le droit canon et le droit civil, sans doute y pratique-t-il l'art estudiantin de se donner du bon temps, comme à Cracovie. Hébergé comme hôte payant (pratique courante) chez l'astronome Domenico Maria Novara, ancien condisciple de son oncle à cette même université, il l'assiste dans ses observations, en particulier l'occultation d'Aldébarran par la lune, le 4 Mars 1497: le fait est rapporté par Copernic lui-même dans son De Revolutionibus. Mais est-ce ce qui décide de sa vocation astronomique? Est-elle antérieure ou plus tardive? Aucun de ses écrits ne nous informe.

De son épisode italien, l'université de Bologne conserve le souvenir jusque dans ses locaux actuels -même si elle ne les occupe que depuis un déménagement décidé par Napoléon.


Université de Bologne: plaques et bustes commémoratifs 

Son lieu de résidence a été signalé à l'occasion des 500 ans de  sa naissance, quoique la maison n'existe plus.


Bologne: emplacement de la maison de Domenico Maria Novera, où logeait Copernic

En 1500, il enseigne les mathématiques -ou, plus vraisemblablement,  donne-t-il quelques conférences?- à Rome, où il s'était rendu comme pélerin de l'année jubilaire. L'année suivante, il est rappelé à Frombork pour être officiellement intronisé chanoine, conformément aux visées de Lukas Watzenrode. Sauf qu'il n'a toujours aucun diplôme! Pour mettre fin à ce fâcheux désordre, il obtient un délai de deux ans, et repart en Italie étudier la médecine à Padoue. Mais il en faudrait trois pou un doctorat dans cette spécialité... Finalement, il obtient le 31 Mai 1503, à Ferrare, son doctorat de droit canon. De retour auprès de son oncle, au château de Lidzbark, il lui sert de secrétaire et de médecin; il rentabilise ses études, en quelque sorte... À sa mort, en 1512, il rejoint le chapitre de Frombork. Il ne le quittera plus.

Frombork

À l'apogée de son âge 

 C'est donc un bientôt quadragénaire qui arrive à la cathédrale. Quel a pu être son premier coup d'œil? Sans doute ceci...



Copie d'un portait perdu
Musée Copernic,
Toruń
Arrivée à Frombork; l'entrée principale (Sud).

Si elle s'abrite aussi bien, c'est par crainte... des grands défenseurs de la chrétienté, les Teutoniques, bien sûr, repliés non loin, dans leur importante commanderie de Königsberg (où le Mathouriste vous convie à une promenade, souvenir Eulérien d'une époque plus civilisée). Toujours prêts à lancer une nouvelle attaque, ils feront une ultime campagne en 1520-1521, menée par leur grand-maître Albert de Brandebourg: elle s'achèvera en déroute, et ils seront définitivement refoulés. Copernic y contribuee en organisant la défense de la ville d'Olsztyn.


Cathédrale et lagune de la Vistule, depuis la  tour Radziejowski  La tour Radziejowski Cathédrale et remparts, depuis la  tour Radziejowski

Le plan, à l'entrée du site, aidera à mieux comprendre l'implantation des bâtiments, progressivement édifiés autour de la basilique gothique (1329-1388). On a rajouté les flèches de couleur, verte pour la tour (carrée, à base octogonale) qui offre le meilleur point de vue sur l'édifice, et bleue pour l'entrée fortifiée. Le plan mentionne aussi, devant la porte, une barbacane dont il ne reste plus de trace visible.



Quant à la flèche rouge, elle marque la "tour Copernic", où l'astronome travaillait. C'est ici qu'il a écrit l'essentiel du De Revolutionibus ; en tout cas, il en a effectué en ce lieu toute la laborieuse et méticuleuse mise en forme. Mais comme la gestation de l'ouvrage fut très longue, il est probable qu'il en ait tracé des esquisses pendant son séjour à
Lidzbark, pendant le temps de "loisirs" que lui laissait sa tâche de secrétaire de l'oncle Watzenrode.

la tour Copernic
Manuscrit du De Revolutionibus, fac-simile.
(Musée Copernic, Toruń)

Pour en savoir plus -mais rassurez-vous: toujours avec des images!-

Consultez notre page spéciale dédiée à la présentation de l'ouvrage

et revenez ensuite ici, grâce au lien que vous y trouverez...

Y effectua-t-il des observations? Quelques unes, probablement... Le 
De Revolutionibus n'en comporte que 27 dont il peut être personnellement crédité; les autres proviennent, pour l'essentiel, de l'Almageste de Ptolémée. En premier lieu, l'endroit n'offre pas des conditions géographiques idéales pour bénéficier d'un ciel dégagé! (On peut, contre cela, objecter que Tycho Brahé devait ultérieurement accomplir des miracles dans son observatoire d'Uraniborg, au Danemark, pas forcément beaucoup plus gâté par la météo...). Dans un deuxième temps, les instruments, dans sa maison de Toruń (d'autres -ou les mêmes, déménagés? - figurent désormais à Frombork), présentés comme répliques fidèles de ceux dont il disposait et qu'il décrit dans son traité, sont de taille bien réduite pour permettre des mesures précises. Rien à voir avec le quadrant de Tycho de 5,5m de rayon, encore moins avec les quadrants géants d'Al-Tusi à Maragheh et Ulugh-Beg à Samarcande! Deux admirateurs polonais en cherchaient en vain la trace, ainsi que celles de manuscrits inédits, à Frombork, en 1802.

"On sait que Tycho s’était vanté de posséder des règles parallactiques, faites en bois de la propre main de cet homme, comme il l'appelle, incomparable. Il les avait reçues en présent de Hannow, chanoine de Warmie. Tous ces souvenirs ont péri. Les personnes mêmes qui nous disaient avoir encore vu quelques-uns de ces instruments ne s'accordaient point dans leurs récits, ni sur leur ombre, ni sur leur nature et leur forme."


T. Czacki (historien), M. Molski (poète), in
Camille Flammarion, Vie de Copernic




quadrant de visée
triquetrum (étude de la parallaxe lunaire) sphère armillaire
(Musée Copernic,Toruń)

"Muller en a donné le dessin dans son édition du livre de Copernic. Cet instrument très simple se compose de trois morceaux de bois : un montant vertical posé sur un pied, une branche mobile autour du sommet du montant et portant deux petites pièces de bois percées; cette branche glisse à son extrémité libre le long d’une règle également mobile, fixée par une charnière au bas du montant, et mesure l'ouverture de l’angle de cette espèce de compas. La règle est divisée en 1414 parties et la branche en 1000. Les divisions sont faites à l’encre. Voilà le seul instrument qu’avait a sa disposition le restaurateur de l'astronomie moderne."

Camille Flammarion, Vie de Copernic

On en conclura que, même s'il avait fait en sorte de disposer d'une petite trousse à outils pour quelques vérifications, notre homme était avant tout un théoricien, cherchant d'abord à accorder les observations antérieures à une théorie plus solide et cohérente que celles qui avaient été proposées antérieurement.

Fin de vie

Cest à Frombork qu'il décède, l'année où l'œuvre de sa vie est enfin imprimée. Ce qui a peut-être encouragé la légende d'un Copernic qui s'éteint le jour même où on lui apporte l'édition de son livre. Une histoire enjolivée, sans qu'il y ait besoin de tricher beaucoup sur les dates, le cas échéant; en tous cas voilà un thème servi sur un plateau pour l'iconographie (l'hagiographie?) du héros...


par A. Lesser (1814-1884)  par W. Radzikowski (1871-1905)
(Musée Copernic,Toruń)


L'hommage posthume

à Frombork

Une plaque avec médaillon a été apposée sur un des piliers de la cathédrale. 



Cathédrale de  Frombork: mémorial Copernic  sur le premier pilier de la nef

On a cependant longtemps ignoré le lieu exact de sa sépulture, tout en se doutant que c'était le plus vraisemblablement près de l'autel qui lui était propre. Une pierre proche 
avait été  gravée d'une inscription religieuse fort modeste (sans allusion à son statut d'astronome), dès son décès, et remplacée 30 ans plus tard par un hommage rendu par le nouvel évêque de Warmie, Martin Kromer, qui salue "l'astrologue exceptionnel"

D.O.M

R. D. NICOLAO COPERNICO

Tornensi, artium
Et mcdicinæ
Doctori
Canonico Warmiensie
Præstanti astrologo
Instauratori :

Martinus Cromerus
EpiscopusWarmiensis
Honeris et ad pwsteritatem
Memoriæ causa posuit.

MDLXXI



 À cette date, la reconnaissance s'adresse certainement plus au travailleur acharné qu'au révolutionnaire dérangeant... qu'il n'est pas encore! (La mise à l'Index du
De Revolutionibus ne surviendra qu'en 1616). Mais que trouvent nos deux voyageurs de l'an 1802?

"Nous entrâmes dans l’église. Près de l’autel affecté au canonicat de Copernic, était une pierre sépulcrale, enveloppée en partie par une balustrade de marbre, qui entoure le grand autel. Des sphères grossièrement gravées, et les lettres NICOL... indiquaient le lieu où reposaient les restes précieux du grand homme. Le chapitre permit avec sympathie de faire l'examen du tombeau. En lavant la pierre, en parvint a distinguer les lettres NICOL... Cor‘.....us; et dans la seconde ligne: Onnr ET N. M..., le reste des lettres étaient effacées. La pierre étant levée, en fouilla à l’onverture; car avant le dix-huitième siècle, les chanoines de Warmie n’avaient point de tombeaux particuliers. Nous avons été présents à l’ouvrage... On ne découvrit que quelques ossements à demi pourris. Le chapitre a retenu un sixième de la dépouille mortelle de Copernic, et nous emportàmes le reste, avec un certificat en forme, muni de la signature des premiers prélats du chapitre."


T. Czacki (historien), M. Molski (poète), in
Camille Flammarion, Vie de Copernic



L'autel où Copernic faisait ses dévotion; à son pied, sous ce dallage, on a retrouvé son crâne en 2008.
Photos  prises par le 
Mathouriste à l'été 2009.

De nouvelles fouilles, entreprises par une équipe polonaise menée par le professeur Jerzy Gassowsky, ont été effectuées pendant l'été 2005, près de l'autel connu pour être celui où il faisait ses prières quotidiennes. Les restes d'un homme de 70 ans (âge parfaitement concordant, par conséquent), et surtout un crâne, y ont été découverts. L''ADN en a été comparé à celui de quelques cheveux trouvés dans un livre lui ayant appartenu avec certitude (propriété de l'université d'Uppsala). C'est ainsi qu'en 2008, le résultat positif de cette comapraison a été annoncé officiellement.
L'équipe a même,  à partir du crâne, effectué une reconstitution informatique de sa tête: le résultat concorde plutôt bien avec les portraits qu'on a de lui, si l'on tient compte de l'évolution du physique avec l'âge.


reconstituion informatique de la tête (source: BBC)

 Une nouvelle cérémonie d'inhumation (voir ce petit film de l'Agence France-Presse) a eu lieu en clôture de ces travaux; bien entendu, ses restes ont été déposés au même endroit; et un nouveau monument symbolisant le système héliocentrique a été ajouté près de l'autel et de la sépulture... après le pasage du
 Mathouriste 


Buste, près de l'autel (2009)
Monument installé en 2010
 (source: Wikipedia)

à Toruń


Musée Copernic,Toruń

L'épisode suivant se place 5 ans seulement après la visite des deux voyageurs à Frombork; Camille Flammarion le narre aussi, et, d'ailleurs, si  vous avez la curiosité de le lire, vous verrez que le Copier/Coller n'est pas une invention des auteurs informatisés...

"L'empereur Napoléon, en passant par Thorn en 1807, désira recueillir personnellement tout ce que la tradition avait conservé concernant Nicolas Copernic. Il apprit que la maison de l'illustre astronome était occupée par un tisserand. Il s’y fit conduire. Cette habitation de très-mince apparence se composait d'un rez-de-chaussée et de deux étages. Tout yétait conservé dans l'état primitif. Le portrait du grand astronome était suspendu audessus du lit dont les rideaux de serge noire dataient du vivant de Copernic ; sa table, son armoire, ses deux chaises, tout le mobilier du savant était la!
L‘empereur demanda au tisserand s’il voulait lui vendre le portrait du grand homme, qu’il aurait fait transporter dans le musée Napoléon, au Louvre ; mais l'artisan refusa, car il considérait ce portrait comme une sainte relique qui portait bonheur. L’empereur n‘insista pas et respecte cette touchante superstition .
En quittant la maison de Copernic, Napoléon alla à l‘église Saint-Jean, visiter le tombeau de l’auteur de l’ouvrage sur les Révolutions célestes. Le temps l'avait endommagé, l'empereur ordonna les réparations et le fit  transporter à côté du maître-autel, afin qu’il fût visible de tous les points de l’église. Ces travaux se firent aux frais de Napoléon."


François Arago, Œuvres, tome 3



Monument-souvenir, cathédrale Saint-Jean de Toruń

Deux années passent encore, et sa ville natale décide d'ériger une statue en son honneur. L'impulsion est donnée en 1809 par l'homme de sciences et de lettres Stanisław Staszic. La réalisation, en bronze, est confiée au sculpteur allemand FriedrichTieck, et elle est érigée le 25 octobre 1853.

tableau vu à Torun (auteur?); derrière la statue, à droite, l'hôtel de ville

La voici, rutilante après la restauration dont elle a bénéficié en 2003, pour ses 150 ans! Sa main gauche tient une sphère armillaire.




On peut, lire sur son socle:  "Nicolas Copernic, de Thorun, qui mit la Terre en mouvement,immobilisant le Soleil et les Cieux"


Elle est bien sûr devenue un emblème de la ville; et ses reproductions miniatures (et d'une facture plutôt grossière...) sont en bonne place dans les vitrines des boutiques de souvenir. Au rayon des spécialités gastronomiques, le pain d'épice de Torun honore lui aussi l'astronome!




Il y a des hommages plus sérieux, à commencer par le nom donné à l'Université -comment pourrait-il en être autrement?



Université de Torun; entrée du Collegium Maximus (Musée de l'Université)

Le Collegium Maius abrite quant à lui le département des Lettres et Langues.


Collegium Maius, bâti en 1907.
La plaque indique sans doute la date de reconstruction (1945)

Hors du centre historique de la ville, des bâtiments  plus moderens, mais moins typés, accueillent les étudiants en sciences, en technologie... L'ensemble est une importante université du pays, avec plus de 30000 étuduants.

Et pour finir...en beauté, quel meilleur lieu décor pour immortaliser un grand évènement de la vie? Cela ressemble fort à une tradition -qui sait, une petite superstition? Ou un gentil et naïf défi, le jour où l'on veut faire tourner le monde autour de son bonheur à soi?



De Varsovie... à Chicago!

Il eût été inconcevable que la capitale polonaise ne rendit aussi hommage à un héros national. D'autant plus qu'au moment où le projet prend corps, une nouvelle fois sous l'impulsion de Staszyc, un héros national a d'autant plus de signification que la Pologne... n'existe plus, partagée, essentiellement entre Prusse et Russie. Le congrès de Vienne (1815) a défait l'éphémère Duché de Varsovie, et créé un royaume placé sous tutelle russe.

"Staszyc, président de la société des amis des sciences à Varsovie, conçut, vers 1820, l‘idée d’élever une statue à Copernic. Il ouvrit à cet égard une souscription nationale, et en même temps confia a l'un des plus habiles sculpteur de l‘Europe, l’exécution d'une statue en marbre destinée à orner la place principale de la capitale de la Pologne. Son appel fut entendu et par toute la Pologne et par l’illustre Thorwaldsen. Les offrandes arrivèrent de toutes les classes de la société de Varsovie et de toutes les contrées de l'ancienne Pologne.[...] Thorwaldsen se sentit appelé à réparer l’injustice de trois siècles, et a créer une œuvre qui fût digne de témoigner de la reconnaissance de tonte une_nation. La statue de Copernic est au nombre de ses plus belles créations. L'astronome polonais est représenté assis, tenant dans sa main un planétaire et contemplant les cieux. Le monument fut achevé dans les ateliers de Rome, et transporté avec soin à Varsovie."


Camille Flammarion, Vie de Copernic



La statue se trouve... place 
Staszyc, devant le bâtiment de l'Académie des Sciences de Pologne, comme on peut le lire à son fronton. La sphère armillaire (dénomée planétaire dans l'extrait ci-dessus) est toujours dans la main gauche, mais en plus, la main droite tient un compas: l'astronome se double d'un mathématicien, d'un géomètre. On peut bien sûr dire la même chose de ses prédécesseurs (Ptolémée) comme de ses successeurs (Kepler).

L'inauguration se place un peu plus d'un an avant l'insurrection de 1830: les autorités russes (le grand duc Constantin, frère aîné du tsar Nicolas) redoutent qu'elle soit prétexte à une émeute en attisant la ferveur nationale; elles se font soumettre le discours, y imposent des modifications... et ce ne sera pas la seule difficulté, malgré une mobilsation populaire massive!

"Staszyc n’existait plus quand l’oeuvre de Thorwaldsen toucha le sol de la Pologne. Julien Ursin Niemawiez,  nommé à sa place président de la société des amis des siences, fut invité a présider à l’inauguration du monument. Le 5 mai 1829 fut désigné pour cette fête nationale. [...] 
L’inauguration se fit par un ciel nuageux. La rue principale par laquelle devait passer la société des amis des sciences, ainsi que la place désignée à l’emplacement du monument, était enconmbrée par la foule. Hommes, femmes, vieillards et enfants, riches et pauvres se pressaient avec une égale ardeur pour manifester leur joie, pour prendre part. a la cérémonie qui était en même temps un hommage et une réparation, un tribut payé au génie et l'expression de la reconnaissance de la postérité. Toutes les fenêtres étaient ouvertes et garnies de guirlandes de fleurs. Varsovie tout entière, augmentée par la population des environs, était debout, témoin de cet acte solennel. [...] 
Bientôt. le cortège de la Societé se dirige vers l’église de Sainte-Croix, temple vaste et majestueux, qui élève ses tours gothiques au-dessus de la capitale. L'église est remplie de monde, mais l'autel est désert. L‘heure se passe, et pas un prêtre ne parait pour célébrer le service_divin. On apprend alors que les moines ignorants ne veulent pas faire de prières pour un homme qui a_publié une oeuvre condamnée par la congrégation de I’Index. Ils ne savaient sans doute pas que cet arrêt avait été réformé et annulé plus tard. La foule consternée dut abandonner l'église!
Mais il sembla que le ciel lui même se fût chargé de réparer cet oubli du plus sacré des devoirs. A peine Niemawiez a-t-il terminé son discours, à peine a-t-on découvert la statue de Copernic, que le ciel couvert commence à s’éclaircir, et le premier rayon de soleil tombe sur le front de l'astronome polonais."


Camille Flammarion, Vie de Copernic

L'actuel aménagement de la place fait apparaître, au sol, une représentation du système de Copernic.

Au premier plan, Saturne et son anneau; c'était la planète la plus lointaine connue au temps de Copernic. On distingue, dans l'ordre de proximité au soleil central, les orbites de Mercure, Vénus, puis la Terre avec, autour, le cercle de l'orbite lunaire.

Mais cette statue... a une sœur jumelle. Regardons les sous le même angle: seuls leurs socles diffèrent!


Varsovie Chicago

Eh oui! C'est au nouveau monde, devant le planétarium de Chicago, que se trouve la seconde -on le verra mieux sur l'image suivante. Mais pour le 
mathouriste, la surprise fut inversée, car il se rendit à Chicago avant d'aller à Varsovie!

Célébrer les centenaires de la disparition de Copernic, quoi de plus naturel... mais il n'est pas sûr que les Polonais aient apprécié cet hommage de 1943:

Annexer une partie de la Pologne n'avait pas suffi au Reich, il fallait en plus annexer une de ses gloires... sous prétexte que sa mère était germanophone! Le même abus l'avait fait inclure, un siècle plus tôt, dans le Walhalla édifié par Louis 1er de Bavière à la gloire des héros germaniques. (Sur la page allemande de Wikipedia, on peut voir le buste de Copernic qui s'y trouve.)

Références

Celles qui suivent concernent uniquement sa biographie; tout ce qui a trait a son système planétaire est à retrouver dans la page sur le De Revolutionibus.

Livres et Revues

Sites




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