Même en ruines, l'observatoire impressionnera et inspirera
fondamentalement un visiteur et grand astronome :
Ulugh-Beg
lui-même, qui tracera les plans de l'
observatoire
de Samarcande
à partir de ceux de Maragheh. Il inspirera aussi le
rsouverain
Moghol Jaï-Shing, qui fera construire, toujours sur ce
modèle, l'observatoire de Jaïpur. Celui-ci, fort
bien
conservé (promis, le
Mathouriste
vous en reparlera plus longuement un jour prochain...), donne une
idée de l'aspect imposant des instruments
de Maragheh.et
Samarcande.
Ce qu'on y fit
Avec qui, et avec quels moyens
Notre héros était loin d'être seul dans
son
laboratoire: contrairement à ce qui devait se passer par la
suite en Europe, où Copernic, Tycho-Brahé et
Képler
ne travaillaient guère qu'avec quelques aides non
qualifiés, et un ou deux disciples (ce fut le cas de
Képler auprès de Tycho) quand ils
n'étaient pas
seuls, il était entouré d'une équipe
scientifique
de très haut niveau, si bien qu'on a pu parler d'une
École de Maragheh. On relève les noms de
Muayyid a-Din-e Orouzi, Fakher
a-Din-e Maraghi, Fakher a-Din-e Ekhlati, Najm a-Din-e Dabiran et, tout
particulièrement, Muayyid
al-Din-al Urdi., principal responsable de la construction des
instruments. Al-Tusi souhaitait lancer un programme d'observation sur
30 ans (période de révolution de Saturne), comme
à
l'observatoire d'Isfahan dirigé par Omar Khayyam, d'autant
que
ce dernier ne les avait pas atteint en durée de
fonctionnement..
Mais il avait dû réduire ses ambitions
à une
durée de 12 ans, soit la période de Jupiter.
Car tout cela avait un coût important: bâtiments,
instruments, entretiens, salaires du personnel... Hulagu Kahn innova
économiquement, en finançant tout cela
grâce aux biens
de main morte (ou waqf:
en droit islamique, donation à
perpétuité d'un particulier pour financer
une œuvre d'utilité publique
).
Des observations soignées
Pour faire de bonnes observations, il faut:
- un ciel bien dégagé; il est d'une
grande pureté dans l'Azerbaïdjan Iranien;
- des assistants sûrs qui se relaient aux postes
d'observation nuit après nuit;
- de grands instruments (au moins en ce
temps-là).
Maragheh n'est pas le plus grand observatoire de son temps pour montrer
la puissance du prince, il l'est pour avoir les meilleures observations
possibles. Il faut pour celà relever les positions
angulaires
des astres, non seulement au degré près, non
seulement
à la minute (1/60ème de degré)
près, mais
si possible dans l'échelle des secondes (1/60ème
de
minute). Si l'on veut, par exemples, mesurer à 6"
près,
il faut déjà diviser le degré d'arc en
600
parties... et il faut que la taille de votre cercle le permette: pensez
au petit rapporteur que vous promeniez dans votre trousse
d'écolier!
Outre le grnad quadrant méridien
évoqué, voici le
type d'instrument qui devait équiper les petites tours
adjacentes ( repères 9 du plan):
L'instrument 1 est classique, on le trouvait déjà
à Ravy ou Isfahan;
Avicenne le
décrit également. Le bras
A peut tourner de
360° autour de l'axe de la tour, tandis que le bras B
se meut dans le plan vertical de
A (grâce
à la coulisse
C);
la combinaison des deux permet de viser n'importe quel astre. mesure
l'azimut de l'étoile, On mesure alors l'
azimut
avec
A
(observer que le haut de la tour est gradué) et la
hauteur sur
l'horizon avec
B.
Ces deux angles sont un peu moins familiers que les
coordonnées
longitude et latitude ne le sont aujourd"hui; pourtant il s'agit du
même principe de coordonnées orthogonales sur une
sphère, comme le petit tableau qui suit vous le rappelle.
repérage absolu |
repérage local (de l'observateur) |
observations |
équateur |
horizon |
grand cercle de la sphère |
pôle Nord |
zénith |
sur la perpendiculaire élevée du
centre au plan du grand cercle |
méridien Greenwich |
méridien du lieu |
définit la mesure 0 pour les angles
longitude et azimut |
longitude |
azimut |
|
latitude |
hauteur |
|
Tout le génie de l'
astrolabe
consiste d'ailleurs à automatiser le passage d'un
système
de coordonnées sphériques à l'autre,
en ayant
aplati le tout en deux dimensions grâce à une
projection
bien chosie.
L'instrument 2 a été conçu par Al-Urdi
pour cet
observatoire; il permet de mesurer simultanément, selon le
principe de l'instrument1, deux positions d'astres
différentes
(l'une avec le quart de cercle
A,
l'autre avec
B)
-sans doute pour conduire plus rapidement les calculs de comparaison.
Ces quarts de cercles remplacent la coulisse
C
de .l'instrument 1; ils décrivent entièrement une
hémisphère lorsque lon fait varier l'azimut.
C'est moins
rustique, plus précis, mais sans doute bien plus cher
à
la fabrication!
Le résultat fut la constitution des
tables
Ilkhanides (
Zīj-i
Īlkhānī),
ainsi nommées en l'honneur de la dynastie d'Hulagu; de fait,
elles ne furent publiées que sous le règne de son
fils,
en 1272. Soit quasi immédiatement après la
réalisation du programme de 12 ans lancé
à la mise
en fonction! Leur qualité leur valut d'être
traduite du
Persan vers l'Arabe et d'être utilisée jusqu'au
XVème siècle. La
précession des
équinoxes (
page anglosaxonne
beaucoup plus riche) calculée était de 51" d'arc
par an;,
la valeur établie aujourd'hui est de 50",2 et la
précision de l'évalutaion de Maragheh reste
saluée
comme remarquable par toutes les histoires de l'astronomie.
Et du travail théorique
L'observation nocturne n'était pas, loin s'en faut, le seul
travail qui s'y faisait. Il y avait de quoi s'occuper
Night and Day:
c'est là qu'ont été passés
au crible les
modèles théoriques de l'astronomie
Ptoléméenne, qu'ils ont été
critiqués, enfin qu'is ont été
améliorés. La bibliothèque
était
réputée contenir 400000 ouvrages! Al-Tusi en a
produit
énormément lui-même: on
dénombre 150 livres
dont il est l'auteur, en comptant des ouvrages de morale, de
religion.... sans qu'on connaisse exactement la répartition
de
ses écrits entre Alamut et Maragheh. Pour ce qui concerne
les
Mathématiques et l'Astronomie, il a notamment
assuré la
traduction en Persan ou en Arabe, assortie d'un travail de
révision mathématique de nombreux classiques
grecs, comme
les
Éléments
d'
Euclide, le
Traité de la Mesure
du Cercle d'
Archimède (
Taḥrīr al-Mutawassiṭāt)
ou les
Sphériques
de
Théodose de Bithynie.
Et, bien sûr, l'
Almageste
de
Ptolémée, la
référence canonique de l'astronomie
hellénistique.
Célèbre pour... son couple!
En dépit de
ce titre quelque peu
people,
ne croyez pas que l'on va vous parler de sa vie privée...
mais
plutôt d'une trouvaille qui l'a rendu
célèbre. Il
s'agit d'une idée géométrique
permettant
d'engendrer un
mouvement
rectiligne à partir de
deux
mouvements circulaires uniformes.
Un peu de mécanique (terre à terre)
préalable...
De façon générale, on peut poser le
problème de mécanique suivant:
Une roue de vélo (son rayon sera
nommé r)
roule à l'intérieur d'un cercle de
rayon R :
quelle trajectoire suit la valve de la roue de vélo? |
Il est assez facile de s'en faire une idée rien qu'en
réfléchissant un petit peu. Avec un rayon
r =
R/4,
la valve a fait un tour complet sur la roue en décrivant un
quart de cercle seulement sur la piste. Comme elle reste à
l'intérieur du grand cercle, elle
rebrousse
et décrit une trajectoire similaire, mais déduite
par une
rotation de 90°. Elle rebroussera donc 4 fois pour que tout le
grand cercle soit décrit, et un stylo fixé
à cette
valve dessinerait sur le fond une sorte d'as de carreau:
c'est la
courbe que les mathématiciens nomment
astroïde.
Avec
r = R/3,
l'allure serait du même type, mais avec seulement
3 points de
rebroussement, puisque la valve décrirait en un
tour de roue le tiers de la piste: on l'appelle
deltoïde
(elle ressemble à la lettre grecque delta). Et toutes ces
courbes sont des
hypocycloïdes,
parce qu'un cercle roume "sous" (dans) un cercle.
D'ailleurs... vous pouvez le tester vous-même, à
l'aide du célèbre
jouet
Spirograph.
Version "à l'ancienne", si vous en avez un dans votre
grenier, ou contemporaine grâce à de nombreux
sites Internet dédiés!
Le
Mathouriste vous
suggère de faire
vos propres expériences sur
celui-ci, qui est d'un emploi très simple:
R et
r ont la
siginification que nous leur avons donnée; prenez enfin
d = r ( plus
généralement, on peut marquer sur la roue un
point à une distance
d
du centre de la roue)
|
|
R = 120 , r = d =30 |
R = 120 , r = d =40 |
Le célèbre lemme
Et maintenant, qu'adviendra-t-il si
r = d = R/2?
Raisonnons "avec les mains", comme disent les
mathématiciens. (Cela veut dire que vous donnez
une idée de la preuve, pas une
preuve au sens de la rigueur de la corporation. En gesticulant, en
quelque sorte, d'où l'expression!) . La courbe rebroussera
deux
fois seulement, aux extrémités du
diamètre, et va
garder des symétries par rapport au diamètre et
à
sa perpendiculaire,
que
voulez-vous que ce soit d'autre qu'un segment? (C'est
là que la rigueur manque, bien sûr).
C'est très facile à prouver à partir
des
équations générales des
hypocycloïdes, un
plaisir qu'on laisse aux lecteurs avertis.
Les jeux sont faits, rien ne va plus... voici les résultats!
|
|
en animation: si
une roue de vélo (rouge) tourne dans un cercle de rayon
double
(noir), la valve décrit un diamètre de ce cercle. |
sur un manuscrit,
Bibliothèque du Vatican |
source
commune des deux images: page Al-Tusi dans Wikipedia |
Le manuscrit donne, à la manière d'une
chronophotographie, les passages aux 4 instants qui divisent
le
temps de parcours sur le cercle noir en 4 intervalles égaux;
la
valve se trouve alors aux extrémités du
diamètre
du cercle noir, où elle va rebrousser (mais sur le
même support: le segment), ou au centre (deux fois, une dans
chaque sens). Et voici l'énoncé par son auteur
"Lemme: deux
cercles sont dans un même plan; le diamètre de
l'un est la
moitié du diamètre de l'autre; on les donne
tangents
intérieurement, et l'on donne un point sur le plus petit, le
point de contact; puis on fait mouvoir ces deux cercles de mouvements
réguliers, en sens opposés, tels que le mouvement
du
petit soit double du mouvement du grand; le petit accomplit deux tours
pendant que le grand en accomplit un. On démontre que le
point
donné se meut sur le diamètre du grand cercle,
qui
passait au départ par le point de contact, allant et venant
entre ses deux extrémités." |
Mais... pour quoi faire?
Tout cela peut légitimement paraître bien
compliqué
à qui n'est pas averti. Pourquoi se compliquer ainsi la vie?
Il y a essentiellement deux raisons, héritées de
l'astronomie grecque:
- La perfection (supposée) des mouvements des
astres devait ne se faire que sur des cercles
(la courbe parfaite par excellente, tous ses points étant
équidistant du centre), avec des mouvements
uniformes
(à vitesse angulaire constante). Hélas, la
complexité des trajectoires observées (Mars, par
exemple,
rétrogradait dans le ciel à certains moments ),
qui avait
valu aux planètes du nom poétique d'astres errants,
avait conduit les théoriciens grecs, au moins depuis Apollonius
de Pergé,
à "empiler les mouvements circulaires": la
planète
décrit uniformément un cercle (l'épicycle:
le préfixe épi
signifie autour),
dont le centre, lui
même mobile sur un autre cercle, plus grand (le déférent), tourne
autour de la terre à vitesse constante. Le mouvement
combiné fait décrire à la
planète une épicycloïde
(famille proche de celles des hypocycloïdes
déjà
rencontrées,équations très
ressemblantes). Et ceci
n'était que le cas le plus simple, car il fallait parfois
réitérer le dispositif pour affiner des
corrections
successives. La qualité
mathématique prédictive de ce
modèle pourtant sans
justification physique vraisemblable ne devait voir son
explication que beaucoup plus tard, avec la théorie des
séries de Fourier (1807): comme on le disait
alors joliment, ce modèle sauvait les
phénomènes.
- Malgrè tout cela, Ptolémée
avait dû
introduire, afin de supprimer certains cercles qui compliquaient trop
ses modèles, une sorte de tricherie, le point
équant:
le mouvement était uniforme... mais pas vis à vis
du centre du
déférent. Vis à vis d'un nouveau
point,
symétrique de la terre par rapport
à ce
centre. Au passage, la terre perdait son rôle de centre des
mouvements uniformes des déférents! Bref,
l'efficacité augmentait, mais d'épicycles en équant,
la perfection théorique était... de
moins en moins parfaite: que d'entorses et contorsions!
Les astronomes arabes avaient donc fait une critique de
Ptolémée, et recensé un certain nombre
de
problèmes, nommés
Ishkalats par Al
-Akhawayn.
Al-Tusi entreprend, au
chapitre XI de
son Memento d'Astronomie, de s'attaquer à ces
problèmes.
Voici comment il commence son chapitre:
"La
première
difficulté
est celle qui a été mentionnée dans la
théorie de la lune: il s'agit ici de celle qui consiste en
ce
que le centre du mouvement uniforme n'est ni au centre du monde, ni au
centre du cercle déférent. Sur ce point, je n'ai
rien
reçu de ceux qui sont venus avant moi, et j'ai moi
même
inventé ce que je vais rapporter ici.
Énonçons
d'abord un lemme." |
et c'est là
qu'il
enchaîne sur l'énoncé posé
plus haut. Le
mécanisme précédent,
généralisé sans peine à des
sphères,
est incorporé dans un ensmble plus complexe de 4
sphères
tangentes (et pas seulement 2, comme dans le lemme).: le couple
d'al-Tusi est celui des sphères (3) et (4) de sa figure. Le
tout, qu'on peut lire in extenso avec le commentaire de M. Carra de
Vaux dans le livre de Paul Tannery,
Recherches
sur l'Histoire de l'Astronomie Ancienne (pp
337-361), donne à la lune une
trajectoire cycloïdale plus complexe, mieux apte à
rendre
compte de son mouvement réel, qui a toujours
été
un souci pour les mathématiciens, même les
meilleurs:
Newton n'affirmait-il pas plus tard que c'était le seul
problème qui lui donnait mal à la tête?
Il insiste bien sur la nature de la trajectoire
"Nous avons dit que
la
courbe décrite par le centre de l'épicycle
ressemblait
à un cercle. Cela ne veut pas dire qu'elle est un cercle,
car
elle n'en est pas réellement un. En effet, [...]." |
Suit une démonstration rigoureuse. On peut se demander, en
regardant le manuscrit, si les copistes ont lu ce qu'ils
écrivaient avant de faire la figure! Ce qui amène
Carra
de Vaux à ajouter une note et refaire la figure:
"Nous
avons dû corriger cette figure, très incorrecte
dans le
manuscrit. [...] La ligne marquée d'un trait fort
représente la trajectoire du centre de
l'épicycle. Le
manuscrit la montre grossièrement figurée par un
cercle."
|
Al-Tusi termine en montrant que son système correctif du
déférent circulaire peut, plus
généralement, s'appliquer aux autres
planètes:
"C'est
là ce qui
m'appartient en propre sur ce sujet. Cette combinaison n'exige que
trois sphères de plus que l'on en compte ordinairement. [...]
La même méthode peut être
appliquée aux
planètes supérieures et à
Vénus. [...]Les
difficultés sont donc résolues en ce qui concerne
ces
planètes par l'addition de trois sphères pour
chacune
d'elles, [...]
Je n'ai pas ici la place de décrire convenablement le
système que j'ai imaginé pour Mercure. Il faut
une
démonstration étendue pour expliquer le mouvement
uniforme, autour d'un point, d'un ensemble de corps qui s'en
rapprochent et s'en éloignent par l'effet de combinaisons
compliquées. S'il plaît à Dieu,
j'ajouterai cette
théorie en appendice au présent chapitre." |
Malgré son ingéniosité, son
système ne
percera pas les caprices de Mercure. Pas plus que celui de
Leverrier
bien plus tard: une planète pertubatrice inconnue
jusqu'alors
(ce sera Neptune) expliquait les anomalies d'Uranus, pourquoi ne pas en
imaginer une qui troublerait Mercure? Son nom était
prêt,
mais on ne la trouva jamais, et la longue résistance de
Mercure
ne devait être vaincue que par... la Relativité
Générale d'Albert Einstein!
Et quelle postérité?
La figure du
couple apparait clairement sur ce timbre.
(L'Azerbaïdjan considère aussi Al-Tusi
comme un de ses illustres ressortissants)
Le couple d'Al-Tusi se retrouvera... dans le
De Revolutionibus
de Copernic! Moins simplificateur que
mécaniquement
cohérent (c'est là la vraie Révolution
Copernicienne), le système de
Copernic
ne supprimait pas les
épicycles, et ce fut d'ailleurs un handicap
supplémentaire pour son adoption. Même lemme,
mêmes
notations (ou presque): Copernic a-t-il eu accès
à
l'ouvrage d'Al-Tusi (mais par quel canal? ) ou a-t-il
réinventé le fameux lemme face à
la
nécessité (L'histoire des sciences abonde en
doubles
découvertes indépendantes)? La question est
encore
ouverte et la curiosité des historiens piquée;
elle
risque le demeurer longtemps si l'on ne découvre pas de
nouveaux
documents.
D'ailleurs, cette propriété sera encore
retrouvée de nombreuses fois, par
Jérôme Cardan
(1501-1576) en 1570, puis par
Philippe de La Hire (1640-1718),
qui a étudié de façon plus approfondie
les roulements d'une courbe sur une autre (
Traité des Roulettes,
1706).. Et le lemme d'Al-Tusi se fond ainsi dans le.
théorème de La-Hire,
dont il n'est qu'un cas particulier.
|
|
Dalle de la sépulture
de La-Hire, église Notre Dame du Haut Pas (Paris) |
Plus insolite,
Kelvin l'évoque
comme possibilté naturelle d'engendrer le mouvement oscillatoire
harmonique à partir d'un mouvement circulaire uniforme,
lorsqu'il présente
sa machine à prédire les marées. Si le contexte est différent, c'est bien la
même fonctionnalité mathématique que chez Copernic qui est recherchée: obtenir les
composantes harmoniques du mouvement qu'il n'y aura plus qu'à
sommer. Il est en effet important de souligner que l'usage qu'en font
Al-Tusi et Copernic est
une forme primitive... de développement de Fourier!
Un dernier hommage
L'Iran a publié en 1974 un triptyque de timbres
commémorant le
septième centenaire du décès d'Al-Tusi (Noter que
les deux langues
utilisées sont le Persan et le Français!).
L'illustration
choisie est quelque peu énigmatique: le monument
représenté, à n'en point douter, est
le
Gonbad-e-Sorkh (dit aussi: Tombeau Rouge) de Maragheh. On aurait pu
s'attendre à une évocation de l'observatoire,
alors qu'on
est en présence du plus ancien tombeau monumental de la
ville,
édifié en 1147, vraisemblablement pour un prince
kurde de
la dynastie d'Ahmadi, dirigeant d'un petit royaume. Quel rapport avec
Al-Tusi? Il se pourrait qu'il ait été autrefois pris pour
sa sépulture, avant d'être plus correctement daté.