Résumé des épisodes
précédents: la
transformée de Fourier (qu'on peut
considérer comme le jeu de coefficients de la série, dans le cas d'une
fonction périodique),
peut se
calculer rapidement, dans sa variante
discrétisée
FFT,
ce qui est bien utile, avons nous dit... mais il serait temps de savoir
à quoi!
cas
d'une fonction
périodique (série) |
cas
d'une image |
cas
d'une erreur... |
|
|
|
Dans
tous les cas, l'original est à gauche, sa FFT à
droite;
sauf dans le dernier, où l'original semble perdu... |
Les exposés (plus ou moins) techniques pouvant
être
trouvés en abondance sur la toile, nous nous limitons ici
à des principes généraux et des
présentations schématiques: le but est
d'embrasser d'un
coup d'œil ce que Stéphane Mallat appelle
respectueusement
le
Royaume
de Fourier.
Parole, parole et... en avant la Zizique!
Nettoyer les Vieux Enregistrements Analogiques
Les amateurs de jazz ont longtemps attendu une restituion améliorée des
enregistrements mythiques qui ont fait l'histoire, tels le
West End Blues de Louis Armstrong
ou le
Creole Love Call de
Duke Ellington: en dépit d'efforts lors du transfert sur LP 33 tours
des faces gravées sur 78 tours, le gain resté limité -essentiellement,
à une usure moins rapide du nouveau support. Il a fallu attendre
l'avènement du CD, et donc la transcription
numérique des
enregistements
analogiques,
pour bénéficier de restaurations spectaculaires. Les fans de classique
ont fini par suivre et retrouver le goût du vrai après une période
"d'égarement" dans la quête technique de la pureté sonore, puisqu'on
pouvait ne plus avoir choisir entre l'authentcité crachotante d'un
ancien légendaire et la vacuité ébouissante d'un pyrotechnicien
made in China...
Cette possibilité d'un bon compromis doit tout au traitement nummérique
du signal, qui autorise
tous les
allers et retours entre le signal temporel et son déploiement en
fréquences par transformation de Fourier, est maintenant à la
portée de tout un chacun avec le logiciel gratuit
Audacity (apparu en 2000;
site officiel).
Une fois chargé un fichier sonore, on y voit , à l'écoute, défiler le
signal en fonction du temps, et l'on peut demander le spectre d'une
portion de ce signal qui apparait dans une autre fenêtre... très
rapidement!
"Monsieur Jourdain 2.0"
vient d'effectuer, d'un seul clic, une transformée de Fourier rapide.
Petite parenthèse de fonctionnement: voici par exemple trois moments de
l'ouverture de
Candide, de
Leonard Bernstein. On choisit une petite portion (bande gris sombre),
et l'onglet "Analyse" offre l'option "Tracer le spectre" qui s'affiche
dans une autre fenêtre. On peut déjà observer les différences entre un
quasi bruit blanc avant le départ (fond de conversationb dans la
salle), le départ de l'orchestre, un solo de flûte...
|
|
|
bruit
blanc (ou presque) avant le début
|
début du morceau |
pendant le solo de flûte
|
Revenons à la remastérisation. Pour enlever le bruit de fond d'un 78
tours, il "suffira" d'analyser un tout petit extrait entre deux plages,
qui mettra enévidence les fréquences de ce bruit, de la même façon que
ci-dessus- c'est à dire, par FFT. On peut ensuite demander au logiciel
d'enlever cette "signature" de tout l'enregistrement, ce qui doit lui
procurer une amélioration notable... Bien sûr, pas de miracle: on
enlèvera aussi la composante correspondante des instruments, des
voix... mais ce sera sans doute y enlever un petit coefficient, et a
toutes chances d'être inaperçu.
Enlever une fréquence donnée est encore plus immédiat, ce qui gommera
définitivement un ronflement de secteur (par défintion, à fréquence
constante, 50Hz en Europe, 60Hz aux États Unis), ou atténuera un
sifflement, souvent très concentré autout d'une seule fréquence. Un
craquement repéré à sa position temporelle livrera sa "signature
fréquentielle" en isolant une petite portion autour de lui, dans
laquelle on essaiera de gommer les plus fortes de ses fréquences. On
trouvera même, pour se préparer au karaoké... de quoi enlever une voix,
exercice de filtrage un peu plus délicat pour les concepteurs de tous
ces petits boutons magiques.
Audacity a des grands frères
plus performants (mais cela a un prix!), ou carrément professionnels
lorsqu'il s'agit de remastériser les enregistrements historiques. Cela
nécessite aussi, aux commandes, des ingénieurs du son experts; et
l'expertise ne s'apprend pas en une semaine!
Pour finir sur un exemple
sonore, voici une démonstration d'avant/après sur un enregistrement de
très mauvaise qualité technique, mais de qualité artistique
superlative: Thelonious Monk himself,
en club, jouant les premières notes de Misterioso, thème sorti sur un
album célébrissime par sa pochette, qui empruntait Le Voyant (1915) à Giorgio de
Chirico. Où l'on comprendra que le nettoyage (par le logiciel iZotope RX 2 Advanced, source: ce blog), peut faire beaucoup... mais pas tout.
Mais tout de même: Monk, Chirico, Fourier... what else?
|
|
original à gauche,
remastérisé à droite. Cliquez dessus pour une version audible.
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Compresser les fichiers sons: Requiem pour MP3
Qu'il s'agisse de disposer d'assez de place pour stocker, ou de
parvenir à diffuser un streaming audio en temps réel dans un baladeur,
mieux vaut qu'u fichier musical soit le moins gros possible... d'où
l'idée de le compresser, le transmettre, et le décompresser à
l'arrivée. De sa naissance (1993) à l'annonce de sa mort (2017), MP3 a
assuré cette fonction, avec une efficacité redoutable, qui a conduit à
faire chuter les ventes de CD au profit de la musique en ligne: certes,
quand le consommateur achète un produit que lui-même considère comme
"jetable" (imagine-t-on l'incunable ci-dessus dans cette catégorie?) et
pour lequel une piètre qualité sonore suffit (imagine-t-on amputer des
fréquences au violon d''Arabella Steinbacher ou au sax alto de Johnny
Hodges?), la qualité passe au second, voire au troisième plan...
Quoi qu'il en soit, l
a FFT est encore présente à deux endroits du
processus d'encodage, assez complexe dans son ensemble: nous ne nous
attarderons pas sur l'ensemble, pour ne mettre l'accent que sur les
points stratégiques où la transformation de Fourier met son grain de
sel. Les voici, encadrés en couleur dans toute la chaîne.
Le signal temporel (un morceau de musique) est d'abord découpé en
petits morceaux (quelques secondes), dont on retient 1152=2x576
échantillons. Cest à chacun de ces blocs que va s'appliquer
l'algorithme de compression; puis on les mettra bout à bout. À à
l'arrivée, découpage et processus inverse.
Le cœur du processus est un passage par un banc de filtres qui "tamise"
le signal selon 32 bandes de fréquences; à chacun de ces "sous-signaux"
est appliqué
la MDCT, ce qui signifie Modified Discrete Cosine Transform:
son nom l'indique presque, c'est une transformée de Fourier cosinus
(CT), discrétidée (D). DCT est le nom bien usuel de la transformée
cosinus discrète, ou approximation de l'intégrale en cosinus de Fourier
par une somme finie (avant qu'elle ne devienne Fast par application de
la méthode de calcul de Cooley et Tuckey). Le
M de
Modified fait
référence à un léger déplacement des points d'échantillonnage; la MDCT
délivre en sortie deux fois moins de valeurs qu'en entrée.
Parallèlement, le signal d'entrée se voit appliquer une
transformation de Fourier "classique" -i;e; non modifiée,
en version rapide
évidemment. On la soumet au "modèle psycho-acoustique" qui la débarasse
de fréquences élevées auxquelles l'oreille "moyenne" d'un individu est
réputée peu sensible: c'est un premier processus qui va engendrer une
compression avec perte. Ses résultats vont permettre de "nettoyer" les
résultats de la MDCT, la quantification enlevant les composantes
faiblement représentées (en dessous d'un certain seuil; on détaillera
plus bas l'exemple assez analogue de JPEG pour les images). Suit un
codage de Huffman (plus de détails
en anglais!), procédé classique de compression, mais conservative pour ce qui le concerne.
Qui n'a jamais fait une photo au format JPEG?
Pas grand monde, à l'évidence, depuis que la
photo s'est
faite numérique. Et encore moins depuis que l'appareil photo
a
eu l'idée de se déguiser
en téléphone... Les images
stockées ont des
noms du type IMG001
.jpg,
et cette extension "
.jpg"
désigne le format de fichier le plus courant. Il y en a
certes
d'autres, à commencer par le format brut, dans lequel une
image
en noir et blanc (pour simplifier) est un tableau de valeurs de gris,
codées entre 0 et 255, une par pixel de l'image. JPEG permet
de compresser spectaculairement ce volume de donnés.,
grâce à la tranformation de Fourier et au prix
d'une légère dégradation, qu'on
peut rendre imperceptible,
1. Avant
de
transformer l''image, on la découpe en blocs de 8x8
pixels, démarche comparable (mais en 2 doimensions) à celle appliquée
par MP3 pour comprimer le son. Une image 512x512 (c'était beaucoup, au
temps des
débuts héroïques...) sera donc
partitionnée
en 64x64 = 4096 petits carrés de cette taille, chacun
à
64 pixels. Vérifiez, le compte y est: 512x512 = 4096x64 !
2.
C'est à
chacun de ces petits carrés qu'on va appliquer une variante
de la transformée de Fourier.
Bidimensionnelle d'abord (Fourier avait lui même
généralisé à 2 ou 3
dimensions),
discrète toujours (évidemment), et
limitée
à l'emploi des cosinus, d'où son nom de Discrete
Cosine
Transform (DCT). |
Les
formules peuvent paraître un peu rugueuses; n'en retenons que
l'essentiel (au pire, sautons les...):
- N vaut 8 (ou plus généralement, le nombre de pisels par
côté du carré
à transformer);
- Le coefficient C(u) vaut presque toujours 1
(sauf si u=0,
et c'est alors ): on peut l'oublier le
temps de comprendre!
- Le coefficientdevant
est normalisé
pour que
les deux formules soient le plus similaires possible. Attention, d'un
ouvrage à l'autre, ces normalisations peuvent varier!
Après cet effeuillage, il ne reste qu'une somme (double, pour
aller
dans les deux sens dimmensionnels) des produits de la fonction pix (qui donne le
niveau de gris), et de cos [...] qui prennent la place des exp[i...]. Une
transformée de Fourier, quoi!
Et la
merveilleuse propriété reste: la
formule inverse est
la même, à quelques broutilles près!
|
source de
l'image
|
3. À
ce stade, on peut légitimement penser qu'on n'a fait que
compliquer...
D'autant que la notion de fréquence est bien plus abstraite
dans
le cas des images que dans le cas du son. Il se passe toutefois quelque
chose d'analogue; commençons par un exemple
(emprunté au livre de Mark Nelson,
La
Compression des
Données, Dunod); les valeurs sont
bien sûr arrondies aux entiers:
140 |
144 |
147 |
140 |
140 |
155 |
179 |
175 |
144 |
152 |
140 |
147 |
140 |
148 |
167 |
179 |
152 |
155 |
136 |
167 |
163 |
162 |
152 |
172 |
168 |
145 |
156 |
160 |
152 |
155 |
136 |
160 |
162 |
148 |
156 |
148 |
140 |
136 |
147 |
162 |
147 |
167 |
140 |
155 |
155 |
140 |
136 |
162 |
136 |
156 |
123 |
167 |
162 |
144 |
140 |
147 |
148 |
155 |
136 |
155 |
152 |
147 |
147 |
136 |
|
|
186 |
-18 |
15 |
-9 |
23 |
-9 |
-14 |
19 |
21 |
-34 |
26 |
9 |
-11 |
11 |
14 |
7 |
-10 |
-24 |
-2 |
6 |
-18 |
3 |
-20 |
-1 |
-8 |
5 |
15 |
-15 |
-8 |
3 |
-3 |
8 |
-3 |
10 |
8 |
1 |
-11 |
18 |
18 |
15 |
4 |
-2 |
-18 |
8 |
8 |
-4 |
1 |
-7 |
9 |
1 |
-3 |
4 |
-1 |
-7 |
-1 |
-2 |
0 |
-8 |
-2 |
2 |
1 |
4 |
-6 |
0 |
|
tableau
d'origine (fonction pix) |
|
après DCT |
La majorité des coefficients à valeur
élevée se situent vers le haut et la gauche.
Pourquoi?
parce que
les basses
fréquences de l'image encodent l'essentiel des contours,
les fréquences plus hautes ajoutant de la
précision. Un
peu comme pour une voix: les fréquences les plus basses
suffisent à la comprendre, et c'était
exploité par
le téléphone avant l'ère
numérique: en
coupant les fréquences au delà de 2000Hz, le
discours
était net, mais si l'on faisait écouter de la
musique
à son interlocuteur, elle souffrait beaucoup -tout en
laissant
le morceau reconnaissable. Cela se reproduit avec l'image;
la première somme
calculée est, à un coefficient
près,
la
moyenne
des valeurs du tableau; les autres coefficients encodent des variations
plus fines de l'image. De plus en plus fines en s'éloignant
vers
le sommet opposé du carré.
À ce niveau, la DCT Inverse restituerait exactement la
portion
d'image; et on na clairement rien gagné en espace, puisqu'on
remplace par un tableau de la même taille.
4. Une fois
constaté le phénomène, on l'accentue
en
divisant par un
facteur
de quantification, qui traduit cet éloignement:
en général: comme
p et
q croissent à partir du coin en
haut et à gauche,
p+
q est
constant sur une diagonale montant de gauche à droite, et cellte valeur
est d'autant plus élevée que l'on va vers le coin en bas , à droite. On
prend en général, 1+a*(
p+
q+1); a est
réglable, par ex
a=2, etn
arrondit à l'entier le plus proche.
62 |
-4 |
2 |
-1 |
2 |
-1 |
-1 |
1 |
4 |
-5 |
3 |
1 |
-1 |
1 |
1 |
0 |
-1 |
-3 |
0 |
0 |
-1 |
0 |
1 |
-1 |
-1 |
0 |
1 |
-1 |
0 |
0 |
-3 |
0 |
0 |
1 |
1 |
0 |
-1 |
1 |
1 |
1 |
0 |
0 |
-1 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
1 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
|
|
|
après DCT et
quantification |
|
parcours zig-zag |
Le procédé est clairement
irréversible; il y aura donc perte
(modérée avec un
a bien
réglé, mais
la
compression consistera à éviter de
répéter tous ces zéros:
un procédé classique, le
Run Length
Encoding,
qu'on ne détaillera pas ici mais facile
à imaginer,
ne
retient de ce tableau que les coefficientts non nuls et la longueur des
chaînes de 0 intermédiaires, grâce
à un
parcours en zig-zag particulièrement bien
adapté à l'effet de la quantification!
5. On
accède de nouveau à l'image par
"déquantification" (produit par l'inverse) et DCT inverse.
En
résumé, la transformation de Fourier est
intervenue:
- sous forme discrète, mais non "rapide" (pas de
FFT);
- pour mettre
les
tableaux de valeurs de gris sous une
forme qui permet la compression.
Qu'est ce qui rend un scanner médical performant?
Introduction égyptienne
Les stars aussi passent au scanner! Les nouvelles techniques d'imagerie
médicale, après avoir fourni une aide au
diagnostic sans
précédent, et ainsi contribué
à sauver des
milliers de vies, ont naturellement étendu leur champ de
compétence... à l'archéologie.
L'avantage est
évident:
ce sont
des
techniques non invasives, qui permettent de voir
à l'intérieur d'un objet, d'une sculpture, sans y
toucher!
En l'honneur de
"Fourier
l'Égyptien", commençons avec un
des bustes les plus célèbres de l'Histoire de
l'Art... et
comme vous l'avez vu et revu, le
Mathouriste,
qui n'aime rien tant qu'un regard décalé, vous le
fait
voir de façon un peu moins attendue... d'abord, avec une
toile
qu'il aime particulièrement, car elle confronte deux de ses
artistes préférés, l'un auteur,
l'autre sujet: le
peintre Bernard Rancillac, figure de proue de la
Figuration Narrative,
et, vous l'aurez reconnu, Alberto Giacometti dans son atelier.
Rancillac conçoit
ses toiles à partir de photos,
découpées,
réassemblées, projetées à
l'épiscope
sur la toile qu'il colore à son gré... et
voilà
comment une charmante curieuse s'invite
chez Alberto!
Á droite, cette beauté va faire savoir ce qu'elle
a dans
la tête, grâce à un passage au scanner
(2006, mais
une première séance s'était
déroulée
en 1992, 20 ans après l'invention du scanner
médical).
Les experts ont notamment pu découvrir le
modèle
brut en pierre, savoir comment il avait été
"stuqué" avant d'être
peint (voir
cet article), et accessoirement de
désamorcer une argumentation
fantaisiste prétendant que la statue n'était
qu'un faux, âgé
d'une centaine d'années seulement.
Prenez le temps, avant de plonger vos yeux dans le cambouis
mathématique, de contempler la reine en écoutant
le
mythique
Nefertiti
du Miles Davis Quintet (Wayne Shorter, Herbie Hancock, Ron Carter et
Tony Williams aux côtés du maître).
Un scanner, comment ça marche? Et que vient faire Fourier?
Un petit coup d'œil au matériel des premiers temps
(1972)
et... aux images obtenues dit mieux que des mots, le formidable
progrès technique qui a accompagné une innovation
presque
immédiatement récompensée par un prix
Nobel de
médecine (1979,
Allan
M. Cormack,
Godfrey
N. Hounsfield [plus détaillé
en
Anglais])
|
|
|
première image d'un
cerveau |
machine ayant
réalisé l'image de droite.
Elle permet seulment le passage d'une tête...aujourd'hui le
corps entier! |
première
image d'une tumeur cérébrale |
Source des images: discours
de réception du prix Nobel,
rédigé par Hounsfield.
|
Au départ, le principe ne diffère pas d'une
radiographie
ordinaire. Celle-ci permet de bien distinguer un os dans un
environnement de muscle et de graisse, parce qu'avec une
capacité d'absroption supérieure des rayons
X, il
apparait comme une tâche plus sombre. On vise bien le
même
but pour voir une tumeur dans un cerveau atteint, mais les
différences de niveau de gris sont moindres.
Mais l'essentiel du problème est ailleurs:
une
projection d'un objet de l'espace sur un plan perd l'information
spatiale en écrabouillant tout! Sur
toute sa trajectoire linéaire, un rayon X "somme les
atténuations" en chacun des points et délivre un
résultat global, sans qu'on puisse revenir en
arrière
pour séparer les contributions.
|
Sur toute sa trajectoire linéaire, un rayon X "somme les
atténuations"
en chacun des points et délivre un résultat
global, sans qu'on puisse
revenir en arrière pour séparer les
contributions.
Sur la figure de
gauche
(image "historique" modifiée pour les besoins de notre
démonstration), les sommes présentées
sur la
droite bleue, au point A par le rayon rouge, au point B par le rayon
jaune, peuvent fort bien être égales, donc
n'apporter
aucune information au médecin, alors que ces sommes ont
été obtenues de façons radicalement
différentes: l'une (rayon rouge) par une grosse contribution
(70% à 80%) dans la partie sombre suspecte et le
complément dans les zones assez claires restantes; l'autre
(rayon jaune) de manière plutôt uniforme. Dans ces
conditions, comment le médecin pourrait-il savoir que l'un
traverse une zone tumorale, l'autre une zone saine?
À
droite, une analogie numérique: donnons
nous 4 nombres: a, b, c,d,
dont nous
connaissons les sommes par colonne: pouvons nous les
déterminer, inversement? Bien sûr que non!
a
+ c = b + d = 40
Nous n'avons que
deux équations pour quatre inconnues, il y a des tas de
manières de réaliser cela.
|
|
|
À
droite, restons-y, une information sur les sommes en ligne
élimine une partie de l'indétermination.
Par exemple, a = 15,
b = 17, c = = 25, d = 23, n'est
plus envisageable.
Mais le système
a
+ c = b + d = 40
a + b = 56, c + d = 24
en conserve une certaine part, car l'équation a + c + b + d = 80,
qui résulte des sommes de colonnes, détermine c + d = 24
dés qu'on connait a
+ b = 56. Autrement
dit, la dernière équation n'apporte aucune
information
supplémentaire. Le système se
réduit en
fait à 3 équations, par exemple:
a
+ c = b + d = 40
a + b = 56
Mais avec une somme
de ligne et une diagonale, par exemple:
a + c = b + d = 40
a + b = 56
a
+ d = 52
on trouve
facilement tous les éléments du tableau de
manière unique, à savoir
a = 34, b =
22, c = 6 ,
d = 18
|
pas
tout à fait assez...
gagné!
|
Repassons à l'image de gauche: pour avoir quelque espoir de
reconstituer les valeurs des niveaux de gris en tout point de cette
coupe, il vient l'idée qu'il faut connaître les
sommes
dans plusieurs directions, beaucoup de directions... en fait tous les
angles possibles.
Et
voilà pourquoi le scanner a une forme d'anneau!
Ce n'est pas gagné pour autant, car les choses
sont, bien
sûr, plus compliquées. Il faut trouver une
fonction
inconnue
d(
x,
y) qui
représente la densité de gris au point (
x,
y)
de l'image précédente en connaissant les fameuses
sommes
dans toutes les directions, qui s'écrivent maintenant avec
des
intégrales
où (X, Y) sont les
coordonnées dans le repère ayant
tourné de l'angle θ, D traduisant d dans ce
système de coordonnées. La chose s'annonce ardue!
Mais ce qui est
impossible dans les coordonnées "naturelles" d'espace devient
possible dans l'espace des fréquences, c'est à
dire après transformation de Fourier!
Un
théorème, dit théorème
de rétroprojection, vient
opportunément relier les deux transformées,
celle, unidimensionnelle,
de Pθ pour
toute les valeurs de θ
et
celle, bimensionnelle,
de d.
Il se démontre en quelques lignes sans
difficulté... que
l'on réservera à quelques curieux! L'affaire
n'excède pas le niveau Bac +1/+2.
On
reviendra à d
par la formule de réciprocité de la
transformée de Fourier bidimensionnelle; c'est à
dire
En
résumé, il n'y a qu'à faire effectuer
par la
partie calculateur du scannner quelques transformations de Fourier
--rapides... cela vaut mieux! - pour retrouver, point par point, la
fonction d et la traduire sur un écran en niveaux de gris.
En effectuant des coupes successives, grâce
à
l'avancée par échelons du "lit" à
l'intérieur de l'anneau, on obtient une reconstituion
tridimensionnelle, qui peut donner lieu à des images en
perspective de
l'objet etudié,
qu'on peut même animer par rotations successives!
Mais revenons à l'Egyptologie...
Avec deux exemples fameux.où le scanner et sa FFT ont
apporté une aide décisive. Et d'abord, la célébrité qu'on ne présente
plus, qui fut la première momie radiographiée... puis la première à
passer au scanner:
"Notre
technologie a pour but, avant tout, d'améliorer le suivi
médical des patients dans le monde entier. Cependant, nous
sommes heureux de contribuer aux efforts de ceux qui cherchent
à percer les mystères de
l'archéologie. Voilà deux ans
que nous avons
scanné la
momie de Toutankhamon, et maintenant, nous apportons notre
aide à l'étude d'un autre trésor de
l'ancienne Égypte."
B.
MONTAG, président
de Siemens Medical
Solutions
|
scanner du crâne de
Toutankhamon, reconstruction 3D.
Source de l'image: cet
aticle
|
Deuxième exemple, choisi parce qu'il est un cas très récent (2012) où cette technique a
permis de résoudre une véritable énigme historique: la mort de
Ramsès III.
|
|
|
|
Intrigués par une épaisseur de
tissu tout à fait inusuelle autour du cou de la momie, mais non
autorisés à l'enlever -il est interdit de "déshabiller" la momie, les
scientifiques qui l'étudient n'ont plus qu'une ressource pour percer le
mystère de cette singularité: examiner le pharaon au
scanner... |
|
Toutes ces images sont des captures d'écran de ce vidéo-reportage que nous vous invitons à visionner (3')
|
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|
et c'est ainsi qu'ils
découvrent que Ramsès III a eu la gorge tranchée; la blessure, très
profonde, a dû entraîner une mort instantané: un membre de l'équipe
fait voir que la trachée a été sectionnée en dessous du larynx.
L'hypothèse du complot du harem se trouve ainsi validée.: Et le crime apparut au scanner, titra Sciences & Vie à cette occasion.
Voilà donc comment deux siècles après avoir été l'un des fondateurs de l'égyptologie (voir notre page: Fourier l'Egyptien), Fourier est encore à la pointe pour aider les chercheurs du domaine!
|
Et puis, ces techniques se démocratisent et se
répandent, et
c'est tant mieux: de nos jours, sur le
territoire français, on n'est jamais très loin
d'un scanner, ce qui est crucial pour qu'il n'y ait pas une
médecine des riches et une des pauvres, une des villes et
une des champs... En voici une preuve archéologique, si l'on
ose dire: même au fin fond de l'Auvergne natale du
Mathouriste,
là où les christs sont noirs... comme les
charbonniers du pays, ces
bougnats
aux curieuses enseignes dans le Paris de jadis:
Vins et Charbon, le
scanner est aussi devenu un outil d'aide aux historiens de l'Art!
Quid de l'IRMN?
Les techniques
d'imageire se sont diversifiées, notamment avec
l'arrivée de l'IRMN. Avec celle-ci, qu'on ne
détaillera pas dans cette page, les détecteurs
reçoivent des signaux, dont il faut
démêler les fréquences...
grâce à la FFT, et c'est une nouvelle fois par
transformée de Fourier inverse que l'on reconstruit l'image
compréhensible par les médecins... et le reste
des humains!
< détails à venir bientôt!>
Applications "Optiques" en cristallographie, spectroscopie, astronomie...
sont à retrouver dans la page suivante!