"Dans les questions que nous
avons traitées précédemment,
l'intégrale
est assujettie à une troisième condition qui
dépend de l'état de la surface. C'est pour cette
raison que l'analyse en est plus composée [...]. La forme
de l'intégrale
est beaucoup plus simple, lorsqu'elle doit seulement satisfaire
à l'état initial; et il serait facile de
déterminer immédiatement le mouvement de la
chaleur selon
les trois dimensions. Mais pour
exposer cette partie de la théorie, et faire bien
connaître suivant quelle loi la diffusion s'opère,
il est
préférable de considérer d'abord le
mouvement
linéaire [...]." Fourier, Théorie Analytique de
la Chaleur,
ch. IX, § 343 ( 1822)
|
segment | domaine | droite (infinie) | |
y = u (x, t) | inconnue | y = u (x, t) | |
évolution | |||
u (a, t) = 0 u (b, t) = 0 |
conditions au bord |
néant | |
u (x, 0) = F(x) | conditions initales | u (x, 0) = F(x) | |
F arbitraire sur [ a , b ] prolongée par périodicité |
F arbitraire sur [ a , b ] nulle en dehors |
De F transformée de
Fourier de Q... |
à Q = f(q) transformée de Fourier de F! |
discrète (valeurs
espacées) |
Type de sommation | continue (tous le réels) |
série | Outil de sommation | intégrale |
i, présent deux fois: Qi , cos (qi x) | Sommation prise sur | q, présent deux fois: Q (q) , cos (q x) |
condition initiale t = 0 | ||
calcul
inverse: Q en fonction de F |
Fourier: archaïque... ou
hyper-futuriste? Et si Fourier
avait tenté
directement l'intégration de 0 à ∞?
Ce n'est pas impossible... mais voici ce qui se serait passé, et qui, peut-être, l'a fait reculer vers la rédaction ci-dessus: Intervertir les intégrales, soit, personne n'aurait, en ce temps, soulevé d'objection. Mais le crochet est une intégrale ... qui n'a pas de sens! Si Fourier a écrit ces deux lignes, il a dû trouver la chose un peu raide, même s'il n'en est pas tout à fait à la première du genre... Et même: pourrait-il encore invoquer la fameuse orthogonalité des cosinus entre eux, c'est à dire lui attribuer la valeur 0, sauf si r = q, ce qu'il veut faire à tout prix? Or cet argument est capital pour conclure, ici comme dans les chapitres précédents. Double impasse, qui peut justifier les contorsions précédentes, même si elles ne se révèlent pas complètement probantes... Qu'à cela ne tienne: signons un pacte avec le diable, et poursuivons. Le coup de force accompli, il n'est pas plus déraisonnable d'écrire Il suffirait donc
de donner un
sens à une seule intégrale qui n'existe pas,
celle du
cosinus: pactiser avec le diable, soit, mais alors, autant payer le
moindre prix. Imaginons qu'il existe une "fonction" telle que
(*)
Une "fonction" un
peu
extraordinaire, évidemment... Imaginons! Oui, imaginons,
comme
nous le dit, pour l'éternité, John Lennon depuis
Central
Park
Admettant la
propriété (*) , la fin du
calcul est immédiate!
Cela vous parait
osé? Chimérique?
(Oui,évidemment, pensez-vous: "avec des
si"... que ne ferait-on pas?)
Eh bien, le Mathouriste n'a plus qu'à continuer sa citation de Lennon: "Vous pouvez penser que je suis un rêveur, mais je ne suis pas le seul!" Voyez plutôt cet extrait d'un cours d'Analyse de Fourier très récent (2016), destiné aux étudiants de physique (L3), et téléchargeable ici. L'auteur, Éric Aristidini, est responsable d'un Cours d'Optique Ondulatoire (Université de Nice Sophia-Antipolis), et cela n'a rien fortuit, vue l'importance de la transformation de Fourier en Optique! Cliquez pour agrandir, ce sera
plus confortable!
C'est la même histoire, racontée avec les exponentielles complexes pour plus de concision et de maniabilité, le calcul de TF(1) ayant été légitimé précédemment, dans une présentation de la "fonction de Dirac" très accessible, en version adoucie de distributions, histoire de ne pas trop malmener les étudiants! Avec son "n = 1/dq", Fourier n'est pas si loin que cela de l'approche de la distribution δ comme "limite" d'escaliers d'aire constante 1. En faire un précurseur de Schwartz serait sans doute exagéré, mais il est certain en revanche que, dès ses premiers papiers, Schwartz s'occupe de la fonction de Dirac et de la transformation de Fourier!
|
en partant du créneau.... |
ou de exp(-|x|) |
Avertissement: autant les Variantes 1 & 2 peuvent être sautées en prmière lecture, autant nous conseillons la troisième au lecteur "non-technicien" des mathématiques: Fourier y suggère admirablement ce qui se passe! Ce serait dommage de vous en priver... |
"
[Cette solution] fait connaître distinctement quel rapport il y a
entre les intégrales définies que nous venons d'employer,
et les résultats de
l'analyse que nous avons appliqués aux solides d'une figure
déterminée. Lorsque, dans les séries convergentes
que cette analyse fournit, on donne aux quantités qui
désignent les dimensions, une valeur infinie; chacun
des termes devient infiniment petit, et la somme de la série
n'est autre chose qu'une intégrale. On pourrait passer de la
même manière et sans aucune considération physique
des diverses séries trigonométriques que nous avons
employées dans le chapitre III aux intégrales définies; il nous suffira de donner quelques exemples [...]." Fourier, Théorie Analytique de
la Chaleur,
ch. IX, § 355 ( 1822)
|
pages recomposées (afin d'éviter qu'un paragraphe ne soit à cheval sur deux pages). | |
Après avoir traité dans la même veine le deuxième calcul, et obtenu... Il part de son développement en série trigonométrique et déduira pour elle une formule générale d'inversion (e) dont il n'a plus qu'à souligner qu'elle est le pendant de celle trouvée pour les fonctions paires... Les intégrales des coefficients de Fourier sont prise de 0 à π, mais le changement d'échelle étend l'intervalle de 0 à nπ, qui a vocation à s'étirer jusqu'à l'infini; nous ne disons rien d'autre aujourd'hui lorsque nous regardons le cas d'une fonction non-périodique comme ca limite d'une période qui s'allonge, s'allonge... jusqu'à devenir infinie! Mais là où il n'y a pour nous qu'une heuristique, Fourier croit -ou fait semblant de croire- à la preuve. nπ ou l'infini, ce sera la même chose, le petit ballet entre i, n, dq est rigoureusement le même. Si la preuve diffère par le point source, sa faiblesse est clairement la même. Il a cependant évité ce qui pouvait paraître le plus scabreux, l'intégrale sur [0,∞[ du produit des cosinus... on ne va pas tarder à le retrouver. |
|
pages recomposées (afin d'éviter qu'un paragraphe ne soit à cheval sur deux pages). | |
Ayons d'abord un petit sourire pour le prêchi-prêcha de "l'abbé Fourier" qu'il a bien failli être: pas question de badiner avec le soin, et quant au théorème d'inversion, hors de lui, point de salut, ou peu s'en faut! Pourtant, il n'y va pas de main morte en posant la formule d'inversion qu'il entend justifier. C'est la formule (E) de la page 448 (montrée plus haut), mais...y aviez-vous remarqué le passage en force? Regrouper les sinus et cosinus grâce à la formule d'addition, bien sûr; seulement, il a en même temps interverti l'ordre des intégrations!
L'écriture suivante peut à son tour surprendre: il se sert de la primitive comme s'il avait eu une intégrale sur [0, P], puis assigne à P la valeur infinie. On veut bien le suivre en remplaçant l'intégrale sur [0,∞[ par une intégrale sur [0, P], et ensuite en prendre la limite, mais elle n'existe pas davantage. Le résultat devrait être la "fonction" de Dirac δ(α -x) ! Voyons comment Fourier va tourner autour... sans la nommer, et argumenter pour nous la faire sentir. |
|
Fourier commence par étudier la foncrion de t, (sin pt)/t , et ses déformations quand p varie. On l'imaginerait presque, animant son TD à l'École Polytechnique: "tracez la courbe, pour p=1, p=5, p=10, qu'observez-vous?"
S'il avait eu des ordinateurs
et des écrans, gageons qu'il n'aurait
pas hésité à les faire employer!
Les arches se resserrent, mais l'ordonnée en 0, qui vaut p, augmente, pendant que l'aire (l'intégrale) reste invariante. Puisque plus p est grand, plus deux arches successives, positives et négatives, tendent à se compenser ( le 1/x n'a "presque pas" varié), vient l'idée que c'est essentiellement un voisinage de 0 qui contribue à l'intégrale. |
||
ci-contre: (sin px)/x pour: p=1 (rouge), p=5 (bleu), p=10 (vert) |
||
Une f très quelconque: un signal de parole!
Á la position rouge (x à l'abcisse du pic rouge) , le produit rouge-bleu ne "retiendra" du signal bleu que la contribution d'un petit voisinage de la position, puisque
|
||